Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
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<strong>Gottschalk</strong> d’Orbais<br />
<strong>de</strong> <strong>Fulda</strong> <strong>à</strong> <strong>Hautvillers</strong> :<br />
une dissi<strong>de</strong>nce<br />
136<br />
IV. le conflit<br />
thique, dont les défauts obscurcissent la logique et la fermeté<br />
<strong>de</strong> ses positions. Il manifeste ici, <strong>à</strong> plein, son tempérament<br />
politique : périssent les hommes pourvu que l’autorité, mère<br />
<strong>de</strong> tous les principes, soit sauve ! Stratège, il adresse <strong>à</strong><br />
Charles le Chauve son «De prae<strong>de</strong>stinatione <strong>de</strong>i et libero<br />
arbitrio» afin <strong>de</strong> savoir ainsi ce qu’il peut obtenir <strong>de</strong>s compétences<br />
<strong>de</strong> chaque évêque appelé <strong>à</strong> déci<strong>de</strong>r. Cela lui permet<br />
également d’évaluer parmi eux qui sera capable d’imaginer<br />
ce qui arriverait si un jour la doctrine <strong>de</strong> <strong>Gottschalk</strong> se<br />
répandait dans le domaine public. le rémois démontre<br />
que, s’il en était ainsi, toute responsabilité serait supprimée,<br />
et pour finir il s’en suivrait nécessairement chez l’individu,<br />
comme dans l’église et l’état une situation <strong>de</strong> résignation,<br />
c’est-<strong>à</strong>-dire, d’injustice et <strong>de</strong> violence au nom <strong>de</strong> dieu.<br />
l’archevêque apparaît ici dans toute sa stature d’homme<br />
d’état et comment ne pas être alors entendu <strong>de</strong> son<br />
monarque ? Sur bien d’autres détails, nous prendrons le<br />
prélat en défaut <strong>de</strong> rigueur. Ce fut le cas après le syno<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
Valence en 855, où les adversaires d’Hincmar, le clergé<br />
lyonnais et ebon <strong>de</strong> Grenoble avaient nettement penché du<br />
côté <strong>de</strong> <strong>Gottschalk</strong>. afin <strong>de</strong> contrecarrer les canons <strong>de</strong> ce<br />
syno<strong>de</strong>, Hincmar cite alors <strong>de</strong>s auteurs fictifs 304 combattant<br />
la double pré<strong>de</strong>stination, et <strong>à</strong> cette occasion affirme que<br />
cette doctrine était déj<strong>à</strong> qualifiée d’hérétique par les Pères.<br />
Il va jusqu’<strong>à</strong> dire, pour se justifier, que les évêques réunis<br />
<strong>à</strong> Quierzy avaient voulu signifier que le Christ, par sa mort,<br />
avait pu vi<strong>de</strong>r l’enfer 305 . Il procè<strong>de</strong> par restrictions successives<br />
306 : «dieu a voulu sauver tous les hommes<br />
mais ”seuls ceux qui se lient <strong>à</strong> la ré<strong>de</strong>mption et au baptême<br />
sont ”sauvables». Ce n’est donc pas un raisonnement<br />
sans failles, il établit une généralité. Pour Hincmar, dieu<br />
(304) F. Brunhölzl : Histoire <strong>de</strong> la littérature<br />
latine, op. cité, p. 201, l. 18.<br />
(305) P. l., CXXV, 276.<br />
(306) P. l., CXXV, 259, sq.<br />
(307) «Qui non credit iam indicatus est». P. l.,<br />
CXXV, 269.<br />
(308) J. <strong>de</strong>visse, : Hincmar, archevêque <strong>de</strong><br />
Reims, éd. droz, t. 1, p. 265.