Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

VI. essai sur la pérennité des pressions à la conformité
Gottschalk a voulu réduire l’influence majoritaire par une
stricte intransigeance, un refus total de la pensée hiérarchique
afin d’obtenir davantage d’impact sur tous les
acteurs du débat. C’est ainsi que les principaux protagonistes
de la dispute théologique conçurent des argumentaires
tendant à rallier le plus grand nombre 337 . Cette dépendance
devant l’information correspond à la tendance
qu’avaient Hincmar et Gottschalk à rechercher la validation
de leur thèse. Mais Gottschalk percevait que la dépendance,
par l’intermédiaire des autres, ouvre la voie à l’influence,
alors que son archevêque cherchait de cette manière à
s’adapter aux jugements des autres. les mêmes démarches,
les mêmes objectifs débouchent sur des effets opposés.
Quand l’errance de Gottschalk est dénoncée par raban Maur
«gyrouagus» c’est qu’elle est encore un facteur d’influence,
une puissance potentielle et un comportement qui pourraient
faciliter l’apparition du changement et de l’innovation.
dans ces conditions, l’influence prendra la forme, soit de
l’innovation, soit de la conformité. le groupe conformiste
déploiera une grande quantité d’énergie pour tenter de se
protéger. C’est la pression vers la norme, c’est le dossier
monté par Hincmar, qui prend également le temps pour
essayer de persuader Gottschalk et ses partenaires d’accepter
le point de vue de son parti.
on verra que si le déviant ne change pas, le parti de l’archevêque
de reims aura toujours la possibilité de l’exclure et cette
possibilité réduit considérablement le poids de Gottschalk.
Mais les convictions du Saxon sont suffisantes pour maintenir
malgré tout sa lecture augustinienne de la prédestination.
Cette répugnance à changer tient à une inertie psychologique
qui fait qu’il préfère dépenser lui aussi une
grande énergie pour continuer sa tâche, aussi désespérée
soit elle 338 , plutôt que de l’abandonner. Cette inertie peut
(337) appel à Jean Scot erigène pour les hiérarques,
à de nombreux prélats pour Gottschalk.
(338) Poème à W. Strabon.
Gottschalk d’Orbais
de Fulda à Hautvillers :
une dissidence
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