Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

me est présent à lui-même par la mémoire. Il s’agit pour lui
d’affirmer que ce qui est présent est actif de son passé.
Pour lui, comme pour saint augustin, il y a trois temps : le
présent du passé, le présent du présent et le présent de
l’avenir.
le présent du passé, c’est la mémoire. le présent du présent,
c’est l’intuition, le présent de l’avenir, c’est l’attente 22 .
la mémoire est la présence de l’esprit à soi-même, qui se
nourrit et bondit à partir de sensations, de notions et des
affections accumulées. C’est de cette imprégnation augustinienne
que toute la pensée de Gottschalk sera mue. Sa
quête incessante du savoir démontre que l’esprit est
mémoire. elle sera la condition beaucoup plus que le
moyen de sa conscience du monde, de son imagination
créatrice et pour lui, de la présence de dieu.
Cette forte pensée, sur fond d’une désorganisation politique
23 où la parcellisation de l’empire préparait l’organisation
féodale et où les représentants de l’eglise s’opposaient
avec leurs chefs, défiait le contrôle social du clergé.
Connu imparfaitement, Gottschalk d’orbais l’emporte en
puissance persuasive, comme en ténacité et en résignation.
onze siècles avant london, Kratchenko ou Soljenitsyne
les affres et la violence de ses procès ne le firent pas fléchir.
au IX e siècle, l’hérétique était l’homme le plus détesté
de l’eglise car il était à la fois dedans et dehors, il menaçait
les fondements idéologiques, institutionnels et sociaux
de la religion. Il était l’opposite de la foi et du monopole
religieux.
a supposer que Gottschalk n’eût pas cette originalité, il mit
au jour mieux que personne les idées de ses contemporains.
Seule, face à du totalitarisme, sa dissidence demeure
en quelque sorte d’une grande modernité.
(22) Confessions : livre XI, XX, 26.
(23) 829/830 Première déposition et premier
rétablissement de louis le débonnaire
avant-propos
833/834 ; seconde déposition et second rétablissement
de louis le débonnaire.
Gottschalk d’Orbais
de Fulda à Hautvillers :
une dissidence
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