Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
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<strong>Gottschalk</strong> d’Orbais<br />
<strong>de</strong> <strong>Fulda</strong> <strong>à</strong> <strong>Hautvillers</strong> :<br />
une dissi<strong>de</strong>nce<br />
18<br />
I. le regnum Francorum<br />
et le mon<strong>de</strong>. en réduisant <strong>à</strong> ses propres schémas religieux<br />
toutes les réalités <strong>de</strong> cette époque, l’expérience monastique<br />
pèse d’un poids singulier sur l’historiographie ici entreprise.<br />
Il est aussi un domaine peu exploré, celui <strong>de</strong> l’expression<br />
onirique souvent relatée dans les écrits monastiques.<br />
la portée religieuse et sociale <strong>de</strong>s « visiones » durant le<br />
haut-Moyen-âge est difficile <strong>à</strong> mesurer, mais il est évi<strong>de</strong>nt<br />
que l’univers religieux du IX e siècle n’a pas échappé <strong>à</strong> ce phénomène.<br />
Une étu<strong>de</strong> freudienne <strong>de</strong>s esprits médiévaux tournerait<br />
le dos <strong>à</strong> notre démarche, car nous ne pouvons prêter aux<br />
hommes <strong>de</strong> ce siècle <strong>de</strong>s préoccupations introspectives qui ne<br />
sont pas les leurs. Cependant, l’emprise du sentiment religieux<br />
sur les esprits est d’une telle évi<strong>de</strong>nce que, ce qui<br />
importe pour nous, est ce qu’ils croyaient voir ou avoir vu.<br />
le visionnaire, dans bien <strong>de</strong>s cas le rédacteur <strong>de</strong> la vision,<br />
tient une gran<strong>de</strong> place dans le mon<strong>de</strong> ecclésiastique. Il peut<br />
en effet, sans grand risque, s’octroyer le pouvoir <strong>de</strong> dicter<br />
sa volonté, qu’il s’agisse <strong>de</strong> fixer l’emplacement d’une<br />
abbaye <strong>à</strong> édifier ou <strong>de</strong> condamner tel usage monastique. le<br />
plus souvent, le visionnaire est un redresseur <strong>de</strong> torts et les<br />
personnages qui lui apparaissent en songe n’ont pas<br />
d’autre mission.<br />
dans la « Vision <strong>de</strong> Wettin » 24 , les prêtres qui ont servi au<br />
palais sont présentés comme ayant perdu tout pouvoir d’intercession.<br />
Quand on dira <strong>à</strong> la Vierge qu’ebon est <strong>à</strong> la cour<br />
où il suit les affaires du roi, elle répondra d’après Flodoart,<br />
que ce n’est pas en un tel lieu qu’il se sanctifiera.<br />
on comprend mieux désormais les précautions qu’il faut<br />
prendre vis-<strong>à</strong>-vis <strong>de</strong> ceux qui, tel l’archevêque Hincmar<br />
<strong>de</strong> reims, utilisent délibérément, la vision comme<br />
moyen <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong> leurs propres idées, politiques ou<br />
autres. dans la «Vision <strong>de</strong> Bernold», par exemple, l’arche-<br />
(24) († 824) Walafrid Strabon et <strong>Gottschalk</strong><br />
eurent le moine Wettin comme professeur <strong>à</strong><br />
reichenau. W. Strabon, encouragé par un<br />
ancien confrère du nom d’adalgis, rédigea son<br />
premier grand ouvrage : la « Visio Wettini ».