Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

Scilicet eximio duci cum prole magistro.
Sitque illis solio Christus retributor in alto,
Ipsorum studio quod hic libenter emicat auro,
45 Et simul aetherio iugiter potiantur Olympo
Cum patre seu nato necnon cum flamine sancto 143 .
le prédécesseur d’Hincmar au siège de reims, l’évêque
ebon, a donné lieu à l’abbé Pierre d’Hautvillers de produire
un superbe évangile manuscrit, appelé évangéliaire
d’ebon, qui, depuis la révolution française, est conservé
dans la médiathèque municipale d’epernay. le manuscrit
est introduit par les hexamètres ci-dessus, dédicace révélant
le haut-savoir de son auteur et copiste. Ces hexamètres
léonins et ces triades en vers donnent à croire que
seul Gottschalk en est l’auteur 144 . en effet, l’examen attentif
de cette dédicace fait apparaître comme très vraisemblable
une paternité gottschalkienne. Certes, on trouve
aussi dans la poésie d’engelmod de Corbie des hexamètres
léonins, mais aucune triade en vers. Quand bien
même, parmi les cent dix hexamètres d’engelmod, se rencontre
une fois la technique, caractéristique de
Gottschalk : l’élision penthémimère.
(143) ebon, l’honneur de reims, illustre pontif,
pasteur brillant et céleste rayon, cher aux saints
dans tous les siècles, honneur de tout le clergé,
notre vigilant gardien, le plus grand des pontifs,
douce et forte lumière, le modèle de tous, notre
puissant défenseur, la vivante règle du clergé, sa
pieuse parole instruit les peuples à la vertu, docteur
évangélique, ami d’un illustre monarque a
fait faire ce livre. Il l’a donc commencé en
l’honneur de dieu et par amour pour le bien
heureux saint Pierre. S’empressant à ses ordres
Pierre, notre humble abbé, notre doux maître, le
commença avec hâte et l’acheva, avec veine,
ami du Christ, il couvrit ses feuilles d’or et le
revêtit magnifiquement d’ivoire. aussitôt qu’il
fut orné ainsi, ebon le consacra au Seigneur, à
saint Pierre ce prince des apôtres, comme pre-
III. l’œuvre
mier bienfait offert à la divinité, Pierre s’était
empressé d’exécuter l’ordre d’ebon, ce qu’il
avait accompli, un maître aussi célèbre ordonné,
un agent sûr et actif en tout l’a exécuté. Que
le seigneur soit avec eux, c’est ce que je demande
toujours. oh vous qui lisez ces vers, je vous
en supplie, demandez au Seigneur que du haut
du lumineux palais, il répande ses dons sur le
généreux ebon et sur Pierre, ainsi que ses
humbles enfants avec cet excellent maître, l’immortel
bandeau de la paix divine. Que le Christ,
près du trône céleste, récompense ceux par les
soins desquels l’or brille sur ce livre et qu’ils
jouissent tous ensemble du Ciel avec le Père, le
Fils et le Saint-esprit.
(144) n. Fickermann : in Poetia VI, p. 88 et
M.l. Weber, op. déjà cité, p. 92.
Gottschalk d’Orbais
de Fulda à Hautvillers :
une dissidence
67