Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

tinataire n’est autre que Walafrid Strabon, comme l’ont
prouvé les strophes ultérieurement découvertes 140 . Cet ami
de jeunesse semble avoir demandé à Gottschalk, résidant
au loin, de lui envoyer au moins une fois un poème et le
malheureux exilé répond «carmen dulce» ; pourtant il n’en
avait pas le cœur : les vers : «cum sim longe exul ualde / intra
mare ?» ne se rapportent-ils pas également à l’état de disposition
au péché, vécu de manière intense par Gottschalk ? Si
on n’y voit qu’une allusion au séjour de l’auteur, dans ce dernier
cas, entrent en ligne de compte les années du prédicateur
errant qu’il fut ; époque qui suit l’expulsion prononcée par le
comte eberhard de Frioul.
Mais ce n’est pas une alternative, de même qu’exégèse historique
et exégèse allégorique ne s’excluent pas l’une,
l’autre. a côté des hexamètres et distiques qui sont
employés d’ordinaire, Gottschalk utilise diverses strophes
saphiques. dans «Christe rex regnum» ce sont douze
strophes de tétramètres dactyliques. dans «O ueneranda
dei suboles», il compose trente vers alcaïques et dans :
«Age quaeso perge clio», des vers anacréoniques.
les formes et le fond stylistique de la versification de
Gottschalk se reconnaissent encore dans la longue dédicace de
l’évangéliaire d’ebon 141 . elle est composée de quatre-vingtdouze
hémistiches en quarante six hexamètres léonins 142 .
Ebo Remensus decus, praesul pastorque coruscus
Celsa et clara farus, sanctis per saecula carus
Ordinis omnis honos pariterque piissimus heros
Atque sui compos quin noster ad omnia custos,
5 Pontificum culmen seu dulce et nobile lumen,
Cunctorum specimen ostrumque optabile tegmen
(140) B. Bischoff, in Mittelalteriche Studien,
Band II, p. 26, éd. anton Hiersemann,
Stuttgart. (1967).
(141) ebon († 851).
(142) Voir planche I, p. 226.
III. l’œuvre
Gottschalk d’Orbais
de Fulda à Hautvillers :
une dissidence
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