Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

Gottschalk d’Orbais
de Fulda à Hautvillers :
une dissidence
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V. la condamnation
Conclusion V
le religieux violent n’aurait pu conserver jusqu’à ces dernières
années l’emprise prodigieuse qu’il a exercée sur la
chrétienté sans dire ce qu’il faut faire et ne pas faire pour
que les rapports restent tolérables au sein des communautés
humaines, dans un certain contexte culturel et social.
le sacré ne se définit-il pas avant tout comme l’ensemble
des postulats auxquels l’esprit humain est amené par ses
transferts collectifs sur les victimes réconciliatrices ?
l’esprit de Gottschalk se sait dépassé et transcendé par une
force qui lui apparaît extérieure à lui-même et aucun châtiment
ou raisonnement autre que le sien ne peut donc sur
lui avoir prise.
Il ne faut pas chercher dans son jugement des concepts aux
limites nettes ou maîtrisables par le langage. Une fois la
sentence accomplie, il n’y a aucune raison pour qu’ultérieurement
la violence ne recommence pas.
les hommes ne peuvent connaître la paix que par la
connaissance d’un monde commun. Gottschalk, le
condamné, est le responsable des désordres et catastrophes
qui affligent le clergé et l’état des derniers carolingiens,
c’est-à-dire de leur crise.
le mauvais traitement dont notre moine fut l’objet avant
d’être excommunié n’est pas dans son principe un geste
symbolique. C’est une réaction agressive contre un homme
qui passe pour responsable de la crise, et avant tout pour un
hérétique. Mais celui qui est déclaré comme tel incarne le
retour à l’ordre, le retour à la vie normée. les juges de
Gottschalk vivaient dans un univers intellectuel d’autant
plus conformiste qu’il était totalement dispensé d’autocritique.
Comme pour louis le Germanique, le roi Charles le
Chauve et l’archevêque Hincmar, Gottschalk devient l’instrument
fortuit d’une réconciliation au terme d’un échec. Il
incarnera une rupture grâce aux suggestions, tour à tour, de
certains qui l’accablent et d’autres qui l’exaltent. Mais
jamais le prisonnier d’Hautvillers n’apparaîtra comme le