Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
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<strong>Gottschalk</strong> d’Orbais<br />
<strong>de</strong> <strong>Fulda</strong> <strong>à</strong> <strong>Hautvillers</strong> :<br />
une dissi<strong>de</strong>nce<br />
28<br />
I. le regnum Francorum<br />
pagnes. les populations trouvent leur compte dans cette<br />
proximité, mais c’est l<strong>à</strong> encore une segmentation <strong>de</strong>s ressources.<br />
raban Maur <strong>de</strong> Mayence, Hincmar <strong>de</strong> reims par<br />
<strong>de</strong>s efforts inlassables soutiendront le caractère sacré et<br />
l’unicité <strong>de</strong>s biens ecclésiastiques. Permettre <strong>à</strong> un oblat <strong>de</strong><br />
recouvrer sa liberté c’était évi<strong>de</strong>mment, <strong>à</strong> leurs yeux,<br />
prendre le risque <strong>de</strong> se voir repris les revenus et les biens<br />
offerts par les parents pour l’éducation du moinillon et,<br />
ainsi, d’appauvrir la mense conventuelle. les pesanteurs<br />
culturelles en Hesse <strong>de</strong>meuraient fortes et nombreuses.<br />
l’atomisation <strong>de</strong>s communautés religieuses y perdurait<br />
malgré la réforme bonifacienne. l’analyse toponymique <strong>de</strong><br />
<strong>Fulda</strong> nous éclaire sur l’entreprise <strong>de</strong> concentration effectuée<br />
par l’abbaye. Sur une aire relativement réduite, l’onomastique<br />
locale atteste douze communautés. on note neuf<br />
lieux-dits avec le suffixe «Zell» provenant du latin «cella»<br />
(ermitage) se trouvent dans un rayon maximum <strong>de</strong> huit<br />
kilomètres autour <strong>de</strong> l’abbaye 50 . a ces ermitages s’ajoutent<br />
d’autres lieux religieux Keulos, niezig, Johannesberg et<br />
Petersberg 51 . l’immersion du jeune <strong>Gottschalk</strong> dans cet<br />
environnement où l’hétérogénéité religieuse n’avait pas<br />
disparu, où la réforme <strong>de</strong> Benoît d’aniane 52 n’avait pu porter<br />
tous ses fruits, où chaque «cella» prodiguait son enseignement<br />
et sa propre lecture <strong>de</strong>s évangiles, ne pouvait<br />
qu’imprégner le jeune oblat <strong>de</strong> ces diversités. le paganisme<br />
n’était pas éradiqué. l’«Indicullus superstitionum et paganiarum»<br />
connu par le concile <strong>de</strong> Soissons en 744 53 dénonçait<br />
déj<strong>à</strong> les résistances populaires au christianisme ; y étaient<br />
mentionnés les ablutions nocturnes du solstice <strong>de</strong> juin, les<br />
hurlements collectifs lors <strong>de</strong>s éclipses <strong>de</strong> lune, les pratiques<br />
<strong>de</strong> divination comme la fabrication d’idoles anthropo-<br />
(54) F. Baugard : in Le christianisme en occi<strong>de</strong>nt<br />
du début du VII e au milieu du XI e siècle,<br />
textes et documents, Paris, (1997).<br />
(55) agobard : P.l, CIV, c.147.<br />
(56) r. MacMullen : in Christianisme et paganisme<br />
du IV e au VIII e siècle, éd. les Belles<br />
lettres, (1998).