Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

Gottschalk d’Orbais
de Fulda à Hautvillers :
une dissidence
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III. l’œuvre
“propter ipsorum mala merita idem ipse incommutabilis deus
“per iustum iudicium suum incommutabiliter praedestinauit
“ad mortem merito sempiternam» 185 .
l’archevêque de reims n’arrivera pas à abandonner cette
façon de voir. Pour lui, Gottschalk est celui qui enseigne la
prédestination au péché.
aussi brièvement, raban Maur expose que le synode réuni
à Mayence par louis le Germanique en 848 186 a condamné
la doctrine enseignée et a renvoyé son auteur vers son
métropolitain 187 .
raban Maur a surtout insisté sur les périls quotidiens que
recèle la théorie de Gottschalk. Celle-ci aurait déjà fait de
forts ravages puisqu’elle a séduit beaucoup de gens peu
attentifs à leur salut et qui disent : «en quoi me seraitil
”profitable de m’efforcer de servir dieu puisque, si je
suis ”prédestiné à la mort, je n’échapperai jamais à celleci
? Si ”au contraire, me conduisant mal, je suis prédestiné
à la ”vie, j’irai sans aucun doute au repos éternel» 188 .
en vérité Gottschalk considérait que le Christ n’a versé son
sang que pour les seuls élus. dans ses correspondances à
loup de Ferrières et à Jonas, évêque d’orléans, il aborde
le sujet, mais la réponse des intéressés ne nous est pas parvenue.
Gottschalk avait quitté orbais longtemps avant
(185) Moi, Gottschalk, je crois et confesse,
reconnais et atteste de par dieu le Père, par
dieu le Fils, en dieu le Saint-esprit et affirme
et approuve de dieu et ses saints qu’il y a une
double prédestination, soit des élus pour le
repos, soit des réprouvés pour la mort, car de
même que le dieu, immuable avant la création
du monde a prédestiné à la vie éternelle
immuablement par sa grâce gratuite tous les
élus, semblablement, le même dieu immuable
par son juste jugement a prédestiné immuablement
à la mort, à bon droit, éternelle tous les
réprouvés qui au jour du jugement seront
condamnés à cause de leurs démérites.
(Fragmenta XV d.C. lambot, p. 38).
(186) annales de Xanten, M.G.H., Scriptores II,
p. 229.
(187) annales de Fulda, M.G.H., Scriptores I,
p. 365.
(188) «Quia iam multos seductos, ut audlui
habet, et minus deuotos… … sine alla dubitatione
ad aeternam requiem uado» (P.l.
CXXV, 84-85).
(189) la vacance du siège dura cinq ans,
Hincmar est élu en 845 à la succession
d’ebon.