Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

Gottschalk d’Orbais
de Fulda à Hautvillers :
une dissidence
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II. le gyrovague
l’eglise s’est très tôt attachée à encadrer les mouvements
spontanés de pèlerinage et de prosélytisme, afin de leur
imposer des structures formelles d’organisation et d’en
faire, en assurant la «stabilitas in peregrinatione», un élément
de l’ordre social 122 .
les règles monastiques réprouvaient également les moines
itinérants, «gyrouagi». Ce non-respect des modèles de
comportements et des systèmes de valeurs admis engendre
l’infamie, mais on ne peut affirmer que la rupture fut totale
entre le gyrovague et les communautés religieuses de
Corbie, d’orbais, de reichenau ou d’Hautvillers. la délinquance
de Gottschalk fut fort bien tolérée par certains de
ses amis, ce qui démontre que la frontière séparant ceux
qui se soumettaient aux règles de la vie monastique et ceux
qui les enfreignaient était souple et fluctuante. Gottschalk,
à cause de ses nombreuses pérégrinations, avait acquis une
vision du monde élargie qui télescopait celle d’un monde
clos, recroquevillé sur lui-même, comme sur son propre
savoir. Un monde comme fini, figé, où l’information extérieure,
moteur de nouvelles connaissances, demeurait
pauvre et pénétrait mal.
(122) B. Geremek : in L’homme médiéval, p. 387, éd. le Seuil, (1989).