Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
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<strong>Gottschalk</strong> d’Orbais<br />
<strong>de</strong> <strong>Fulda</strong> <strong>à</strong> <strong>Hautvillers</strong> :<br />
une dissi<strong>de</strong>nce<br />
160<br />
VI. essai sur la pérennité <strong>de</strong>s pressions <strong>à</strong> la conformité<br />
nions et <strong>de</strong>s jugements qui ne pouvaient être validés par la<br />
seule logique et chaque groupe recherchait dans l’accord<br />
avec l’autre un soutien <strong>à</strong> son opinion. l’influence ne pouvant<br />
modifier les opinions ou les jugements, l’intervention<br />
royale <strong>de</strong>vint incontournable. C’est sur cette évi<strong>de</strong>nce que<br />
le monarque voulut trancher la question.<br />
l’interaction <strong>de</strong>s partisans et <strong>de</strong>s adversaires ne jouant<br />
plus, la crise religieuse fut inévitable. Il fallait mettre un<br />
terme au blocage. le triomphe <strong>de</strong> thèses <strong>de</strong> <strong>Gottschalk</strong> et<br />
<strong>de</strong> ses alliés c’était, pour les pouvoirs politiques et spirituels,<br />
le déséquilibre social et la porte ouverte aux agents du<br />
désordre. Pour ces pouvoirs en place l’ordre du Créateur<br />
était immuable. Mais cet ordre n’a eu qu’une signification<br />
momentanée dans une pensée ecclésiale stérile. la majorité<br />
<strong>de</strong>s prélats n’a su avoir ni théologie ni technique d’action<br />
<strong>de</strong>vant la révolte <strong>de</strong> <strong>Gottschalk</strong>. l’église du IX e siècle<br />
n’a pu lui opposer qu’une lutte impitoyable. Face <strong>à</strong> cet<br />
homme, la pensée hincmarienne incarnera intensément la<br />
logique <strong>de</strong> la pensée globale <strong>de</strong> son temps.<br />
Cette pensée se situe dans le courant qui a donné naissance<br />
<strong>à</strong> un dramatique échec historique <strong>de</strong> l’église carolingienne.<br />
les violences exercées sur le prisonnier d’<strong>Hautvillers</strong> se<br />
voulaient pédagogiques. Hincmar pensait ainsi dénoncer<br />
les maux sociaux : le changement et la novation qui<br />
mènent <strong>à</strong> l’endurcissement, <strong>à</strong> l’hérésie et au schisme 344 .<br />
Pour l’archevêque la violence corporelle était légitimée par<br />
la virulence verbale <strong>de</strong> <strong>Gottschalk</strong>. la lutte contre l’esprit<br />
<strong>de</strong> violence constitue l’une <strong>de</strong>s traditions héritées <strong>de</strong>s Pères<br />
<strong>de</strong> l’église. Cette lutte était donc également un impératif<br />
pour le clergé carolingien, puisque tout esprit offensif met<br />
en cause la norme et la société établie. les résistances aux<br />
changements furent directement proportionnelles aux dif-<br />
(344) lorsqu’il combat son propre neveu en<br />
juin 870 <strong>à</strong> attigny, il assimile très volontiers<br />
une faute canonique <strong>à</strong> une hérésie et cite les<br />
mêmes textes qu’il appliquait <strong>à</strong> <strong>Gottschalk</strong>.<br />
In P.l. CXXVI, 529 et 613.