01.07.2013 Views

Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>Gottschalk</strong> d’Orbais<br />

<strong>de</strong> <strong>Fulda</strong> <strong>à</strong> <strong>Hautvillers</strong> :<br />

une dissi<strong>de</strong>nce<br />

104<br />

IV. le conflit<br />

gottschalkiens soulevèrent pour les uns un vif intérêt et<br />

pour les autres une certaine émotion. Même s’ils se trompaient,<br />

bon nombre <strong>de</strong> lecteurs y trouvèrent une résurgence<br />

<strong>de</strong>s tendances fatalistes dangereuses pour une société instable.<br />

Pour peu qu’on remplace le mot «dieu», le débat fondamental<br />

sur la pré<strong>de</strong>stination <strong>de</strong> l’homme était et <strong>de</strong>meure<br />

l’un <strong>de</strong>s plus grands <strong>de</strong> la métaphysique. Il faut bien<br />

admettre qu’au IX e siècle, les uns pensent que dieu, hors<br />

du temps, a tout organisé et pré<strong>de</strong>stiné <strong>de</strong>s civilisations, <strong>de</strong><br />

leur <strong>de</strong>stin et <strong>de</strong> leur aventure ; pour les autres cette rigueur<br />

est dangereuse <strong>à</strong> enseigner et est inacceptable parce qu’elle<br />

enlève <strong>à</strong> l’homme toute part <strong>de</strong> responsabilité dans son<br />

salut ou sa damnation.<br />

dès lors, le mon<strong>de</strong> est composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux masses intimement<br />

mêlées l’une <strong>à</strong> l’autre, celle <strong>de</strong>s élus et celle <strong>de</strong>s<br />

réprouvés, dont le nombre et la nature ont été irrémédiablement<br />

fixés avant la création. Pour les adversaires <strong>de</strong> la<br />

pré<strong>de</strong>stination, dieu avait pré<strong>de</strong>stiné les élus au salut, non<br />

les réprouvés <strong>à</strong> la damnation.<br />

au niveau <strong>de</strong> l’homme, on voit se poser d’autres questions<br />

non moins importantes. l’homme est-il libre ou non d’admettre<br />

l’action <strong>de</strong> grâce, libre ou non <strong>de</strong> mal faire ?<br />

l’homme choisit-il ou non le salut ou la damnation ?<br />

autrement dit, l’homme jouit-il pleinement <strong>de</strong> son libre<br />

arbitre ? les détracteurs <strong>de</strong> <strong>Gottschalk</strong> ne poussèrent pas<br />

l’analyse et son application au champ séculier, c’eût été<br />

une notion jugée subversive par le pouvoir politique, le<br />

libre arbitre <strong>de</strong>vant se limiter <strong>à</strong> l’obtention <strong>de</strong> la grâce.<br />

ainsi, entre l’arrivée <strong>de</strong> <strong>Gottschalk</strong> <strong>à</strong> orbais, accompagné<br />

<strong>de</strong> la lettre <strong>de</strong> raban Maur, et le concile <strong>de</strong> Quierzy <strong>de</strong> 849,<br />

l’archevêque <strong>de</strong> reims prit la tête d’une entreprise visant <strong>à</strong><br />

contrecarrer l’enseignement <strong>de</strong> la double pré<strong>de</strong>stination.<br />

l’archevêque Hincmar suivait en cela les directives <strong>de</strong><br />

l’archevêque <strong>de</strong> Mayence, qui considérait déj<strong>à</strong> comme<br />

impies les théories <strong>de</strong> <strong>Gottschalk</strong>. l’archevêque raban<br />

Maur reprochera encore <strong>à</strong> Hincmar, en 850, <strong>de</strong> poursuivre

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!