Bernard Boller, Gottschalk d'Orbais de Fulda à Hautvillers
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<strong>Gottschalk</strong> d’Orbais<br />
<strong>de</strong> <strong>Fulda</strong> <strong>à</strong> <strong>Hautvillers</strong> :<br />
une dissi<strong>de</strong>nce<br />
112<br />
IV. le conflit<br />
ne famulari. Vn<strong>de</strong> et per psalmistam ”dicitur : Vt <strong>de</strong>struas<br />
inimicum et <strong>de</strong>fensorem . Omnis ”quippe haereticus omnipotenti<br />
<strong>de</strong>o inimicus et <strong>de</strong>fensor ”est, quia un<strong>de</strong> hunc quasi<br />
<strong>de</strong>fen<strong>de</strong>re uititur, in<strong>de</strong> ueritati ”illius aduersatur. Quia<br />
autem latere <strong>de</strong>um nihil potest, ”hoc ineis iudicat quod<br />
intus sentiunt, non quod famulari ”foris ui<strong>de</strong>ntur» 232 .<br />
dans son angoisse <strong>de</strong> ne pas convaincre, <strong>Gottschalk</strong> se<br />
laisse aller <strong>à</strong> l’invective et, dans ses débor<strong>de</strong>ments, qualifie<br />
Hincmar <strong>de</strong> «vessie chétive, <strong>de</strong> peu <strong>de</strong> force, enflée,<br />
chair gonflée, boursouflée, orgueilleuse, crevée, pourquoi<br />
dieu t’a-t-il tant déplu ?» 233 . Il poursuit en disant que dieu<br />
aux inconvénients <strong>à</strong> éviter, je ne m’écarte, loin<br />
<strong>de</strong> l<strong>à</strong>, du vrai. et comme l’enseigne aussi saint<br />
Grégoire : «Dans la mesure où nous le pouvons<br />
sans péché, nous <strong>de</strong>vons éviter <strong>de</strong> causer<br />
au prochain du scandale, mais si le scandale<br />
vient <strong>de</strong> la vérité, il est plus utile <strong>de</strong> permettre<br />
le scandale que d’abandonner la vérité». et on<br />
ne peut admettre que l’importance personnelle<br />
<strong>de</strong> quiconque soit reçue <strong>à</strong> l’encontre <strong>de</strong>s vérités<br />
reçues, puisque ange ou apôtre annonçant est<br />
frappé d’un digne anathème <strong>de</strong> la bouche <strong>de</strong><br />
l’apôtre même. en effet, comme le susdit<br />
Grégoire l’atteste véridiquement : «Tant qu’on<br />
agit en gardant la foi sauve, c’est un mérite <strong>de</strong><br />
la vertu que <strong>de</strong> supporter tout ce qui vient du<br />
supérieur». autrement, si cela pouvait se faire,<br />
je <strong>de</strong>vrais plutôt, et le souhaiterais, souffrir<br />
mille morts pour la vérité que succomber même<br />
une fois, qu’il n’en soit rien, en me rendant <strong>à</strong><br />
qui parle autrement, me souvenant <strong>de</strong> ta parole :<br />
«Qui m’aura reconnu <strong>de</strong>vant les hommes, moi<br />
aussi je le reconnaîtrai <strong>de</strong>vant mon Père qui est<br />
dans les cieux». Je me souviens aussi <strong>de</strong> cette<br />
parole : «Ne franchis pas les bornes anciennes<br />
que tes pères ont posées», ce que les hérétiques<br />
ne font que trop, comme l’explique Grégoire,<br />
«eux qui se tiennent hors du sein <strong>de</strong> la Sainte<br />
église». Ceux-ci, dit-il, déplacent les bornes<br />
car ils transgressent les dispositions <strong>de</strong>s Pères<br />
en s’écartant <strong>de</strong> la droite ligne, car aussi ils<br />
pillent et font paître les troupeaux, car ils attirent<br />
tous les ignorants <strong>à</strong> eux par <strong>de</strong>s conseils<br />
pervers et les nourrissent pour les tuer <strong>de</strong> doctrines<br />
mortelles». Ce sont eux que le bienheu-<br />
reux Job dénonce aussi en disant : «Est-ce que<br />
Dieu a besoin du mensonge au point que vous<br />
le défendiez par <strong>de</strong>s propos trompeurs ? Dieu<br />
n’a pas besoin du mensonge car la vérité ne<br />
cherche pas <strong>à</strong> s’établir <strong>à</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’erreur.<br />
Mais les hérétiques, puisqu’ils ne peuvent<br />
défendre grâce <strong>à</strong> la vérité les mauvaises<br />
conceptions qu’ils se font <strong>de</strong> Dieu, comme pour<br />
prouver le rayon <strong>de</strong> lumière, recherchent les<br />
ombres <strong>de</strong> l’erreur. Et ils défen<strong>de</strong>nt par <strong>de</strong>s propos<br />
trompeurs, en abusant les faibles esprits sur<br />
sa connaissance par une ruse stupi<strong>de</strong>». le<br />
même dit : «Cela plaira-t-il <strong>à</strong> celui auquel on<br />
ne peut rien cacher ? Ou bien sera-t-il trompé,<br />
comme un homme, par vos ruses ? Les hérétiques<br />
se montrent rusés avec Dieu car ils forgent<br />
<strong>de</strong>s choses qui déplaisent tout <strong>à</strong> fait <strong>à</strong> celui<br />
pour qui ils parlent, et en s’efforçant, pour ainsi<br />
dire, <strong>de</strong> le défendre, ils l’offensent en affrontant<br />
celui qu’ils semblent servir par leur prédication».<br />
C’est pourquoi il est dit par le psalmiste :<br />
«Pour que tu détruises l’ennemi et le défenseur.<br />
En effet, tout hérétique est l’ennemi et le défenseur<br />
<strong>de</strong> Dieu tout-puissant, car ce par quoi il<br />
s’efforce, pour ainsi dire, <strong>de</strong> le défendre est ce<br />
qui s’oppose <strong>à</strong> sa vérité. Mais comme rien ne<br />
peut échapper <strong>à</strong> Dieu, il juge en eux les pensées<br />
intérieures et non les apparences extérieures <strong>de</strong><br />
service»…<br />
d.C. lambot, p. 68-69.<br />
(233) Misella potentiola inflata uesica, cutis<br />
tumida turgida, elata pellis morticina, cur tibi<br />
displicuerit <strong>de</strong>us ita,…<br />
d.C. lambot, p. 96.