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188 PATHOLOGIE CHIMIQUE DE L ACIDE URIQUE, ETC.<br />

étendu et devant faire le sujet d'une communication académique.<br />

Le kawa ou poivre enivrant des Océaniens est la racine d'un poi-<br />

vrier qui a été désigné par Forster sous le nom de Piper methysticum<br />

{de (xéôu, vin). Le végétal auquel elle appartient est célèbre dans<br />

presque toutes les îles de la mer du Sud habitées par la race blanche,<br />

où il est connu sous le nom de kawa ou d'ava. Sa racine, fraîche ou<br />

sèche, sert depuis un temps immémorial à préparer une boisson qui,<br />

avant les rapports habituels des peuples de l'Océanie avec les Européens,<br />

constituait le breuvage favori de ces insulaires. Mise à macérer<br />

avec de Teau, elle fournit en efTet une liqueur que les peuples de ces<br />

pays boivent avec plaisir, parce qu'elle les plonge dans une sorte d'i-<br />

vresse ou d'excitation toute spécifique (t).<br />

Cette racine est assez volumineuse, ligneuse, légère, d'un tissu<br />

lâche et spongieux, grise à l'extérieur et plus blanche à l'intérieur;<br />

son odeur et sa saveur sont légèrement aromatiques. Mâchée, elle<br />

est un peu acre, et laisse longtemps après la mastication une sorte<br />

d'engourditisementde l'impression gustative.<br />

L'action du kawa n'est pas enivrante à la façon des alcooliques, il<br />

procure cependant une certaine ivresse tranquille, accompagnée<br />

de rêves incohérents. Le kawa possède de plus des propriétés phy-<br />

siologiques toutes spéciales, qui en feraient une acquisition précieuse<br />

(I) Voici, d'ailleurs, comment se prépare la liqueur d'ava et le cérémonial<br />

usité envers les invités. — Le chef qui offre l'ava, après avoir fait ranger en<br />

cercle et asseoir sur des nattes les invités, choisit parmi ses suivants plusieurs<br />

mâcheurs de kawa, hommes ou femmes. Ceux-ci ont le soin de laver leurs<br />

mains et leur bouche avec de l'eau fraîche, puis mastiquant solidement<br />

au moyen de leur magnifique denture des tronçons de racine de kawa, ils<br />

les réduisent en bols filamenteux, légèrement humectés de salive. Ces bols<br />

sont placés ensuite dans un vase de l)ois consacré ad hoc. Lorsque la quantité<br />

est jugée suffisante, on verse peu à peu de l'eau dans le vase pour délayer et<br />

suspendre la masse qui est malaxée avec les doigts. On retire les filaments les<br />

plus grossiers qui servent de filtre pour séparer les plus ténus. Il en résulte un<br />

liquide trouble, brun, jaunâtre, d'aspect assez dégoûtant, d'odeur aromatique<br />

d'acacia, d'un goût de réglisse piquant et agréable. Ensuite, ce liquide est<br />

offert par ordre de considération aux assistants, avec cérémonie, dans une pe-<br />

tite écuelle de coco que l'on rejette au milieu du cercle après l'avoir vidée<br />

d'un trait, tandis que le chef frappe plusieurs fois dans ses mains en signe de<br />

hourra. L'écuelle remplie de nouveau est offerte de la même manière aux<br />

autres personnages.<br />

Mais le kawa ne se prend pas toujours ainsi en compagnie; il y a, comme<br />

chez nous, des malheureux qui boivent seuls et à toute heure du jour. Dans<br />

ce cas, le kawa n'est plus inoffensif et salutaire ; il entraine, à la longue, des<br />

accidenta sérieux du côté de la peau surtout.

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