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KAWA OU PIPEU METHYSTICUM. 189
pour la thérapeutique. Il affecte principalement la pcrspiralion cu-
tanée.
Voici comment s'exprime Lesson à cet égard: î.e kawa agit aussi
puissamment que le gaïac, la squine, la salsepareille, dans les pays
qui les produisent et qui aident à leur effet, tandis que ces substan-
ces perdent de leur efficacité dans ceux que nous habitons.
Les Taïtiens emploient YdiWdiseul pour se débarrasser des maladies
que leur apportent les navires. Ils en prennent une forte macération
qui les enivre pendant vingt-quatre heures. A cette ivresse succèdent
des sueurs abondantes qui durent trois jours. Si la maladie persiste,
ils en reprennent ainsi trois ou quatre doses, et la maladie est
vaincue.
Les Océaniens emploient surtout le kawa dans les affections go-
norrhéïques, et son action peut aisément s'expliquer, si l'on consi-
dère les relations intimes des fonctions de la peau et de celles des
organes urinaires, les sudorifiques sont certainement de puissants
antigonorrhéïques, il n'existe même pas de véritable panacée pour de
telles affections, et l'état local éprouve toujours, dans ces cas, les mo-
difications les plus évidentes par l'influence d'agents agissant puissamment
sur toute l'économie en général, et sur la peau en particu-
lier. L'action du kawa sur les fonctions de la peau, est, d'ailleurs,
trop bien démontrée par les accidents produits à la longue par Tu-
sage excessif qu'en font certains naturels de l'Océanie. Chez ceux-ci,
la peau fonctionnant outre mesure ne larde pas à devenir malade,
l'hypertrophie atteint quelques-uns de ses éléments constitutifs et
XEléphantiasis en est la suite fatale.
Le remède employé par les Taïtiens elles autres Océaniens contre
les écoulements gonorrhéïques et leucorrhéïques est le kawa. M. Les-
son nous en donne la preuve. (Voyage sur la Coquille, 1838, 1. 1",
page 505.) « Aujourd'hui, la syphilis ne fait point de ravages dans
« les îles de la Société et notamment à Taïli; le régime essentielle-
ce ment doux des habitants qui ne vivent que de fruits, de lait de coco,
« l'usage fréquent des bains, etc., et ajoutez à cela la possession d'un
« remède actif, en sont la médication la plus active et la plus
« efficace.
« Les Taïtiens et les Boraboriens font, en effet, disparaître très-
(( facilement les affections vénériennes en employant une boisson^
(( aqueuse de racine d'ava ou kawa. »
Celte intéressante substance, dont tous les voyageurs, depuis Cook
et Bougainville ont parlé, déjà préconisée par Lesson, a été étudiée,
depuis 1849 au point de vue historique, physiologique et thérapeu-