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ORIGINE PATHOLOGIQUE DU SUCRE. 419
Actuellement qu'il est bien établi que chez tous les animaux du
sucre se produit dans le foie, on doit se demander sous quelle in-
fluence cette production a lieu. Il était naturel de l'assimiler aux au-
tres sécrétions : aussi, après Tétonnement produit par le résultat
d'une observation de M. le docteur Bernard, à savoir, qu'en piquant
un certain point du bulbe rachidien, on déterminait presque instantanément
la formation d'une grande quantité de sucre dans le foie,
on en vint graduellement à rapprocher ce phénomène de ceux qui
sont propres aux autres organes sécréteurs.
En effet, en lésant cette partie du cerveau, on irrite l'origine des
nerfs pneumo-gastriques qui se portent au foie ; en piquant ou en galvanisant
les cordons nerveux dans leur trajet, on produit le même
effet, et de cette façon on exalte la sécrétion du sucre dans le foie.
Il faut néanmoins, dans certains cas, admettre une action ré-
flexe.
M. Bernard a soumis à des règles précises l'expérience qui consiste
à piquer les éminences olivaires, qui sont, dans la protubérance cé-
rébrale, les origines des nerfs pneumo-gastriques. Il peut prédire
d'avance la quantité de sucre qui sera trouvée dans l'urine, par la
largeur de l'instrument qu'il emploie : si celte largeur n'a qu'un
millimètre, il fera rendre 4 p. 100 de sucre ; si elle est double, l'animal
rendra le double de sucre. La durée du phénomène de la
supersécrétion du sucre est variable suivant les animaux et aussi
suivant la manière dont l'expérience est faite. Le sucre peut être pro-
duit en si grande abondance, qu'on le rencontre dans toutes sécré-
tions.
Des phénomènes remarquables résultent de ces expériences. L'agi-
tation des animaux devient continuelle; leur excitabilité est telle,
que s'ils restent un instant en repos, le moindre contact rappelle su-
bitement leurs mouvements ;
cette agitation disparaît sitôt que l'ani-
mal cesse d'être diabétique. On peut remarquer également que la
respiration est accélérée pendant que l'urine contient du sucre, ce qui
peut s'expliquer pai la fatigue qu'éprouvent les poumons pour en
détruire une plus grande quantité que de coutume.
Pendant ce temps, la température du corps diminue; elle descend
au-dessous de 38° à 40°, son terme habituel. Si dans une portion
quelconque du corps, on coupe les filets du grand sympathique, à
l'instant même la circulation s'accélère et les sécrétions deviennent
plus abondantes. L'action du grand sympathique peut donc être con-
sidérée comme un frein de celle du système nerveux cérébro-spinal ;
ce nerf serait donc un modérateur de la circulation et des sécré-
tions.