PDF - Internet Archive

ALBUMINURIE CANTIURIDIENNE. 375
— Albuminurie cantharidienne . Lorsque de larges vësicatoires sont
appliqués sur des régions de la peau scarifiées^ ils déterminent, d'une
manière à peu près constante, une albuminurie plus ou moins abon-
dante. Cette albuminurie peut se produire par l'application de vési-
catoires sur la peau saine, quoique bien plus exceptionnellement.
C'est aux recherches de M. le Professeur Bouillaud, que nous sommes
redevables de la connaissance de cette particularité qui, à notre avis,
jette un certain jour sur plusieurs conditions dans lesquelles la sur-
face interne du rein, privée de son épithélium, laisse transsuder l'albumine,
en produisant Vurémie ou accumulation lente de l'urée dans
le sang. Les recherches de M. Bouillaud datent de l'année 1846, épo-
que à laquelle nous avions l'honneur d'avoir ce maître comme chef
de service à l'hôpital de la Charité.
La durée de l'albuminurie cantharidienne n'est en général que de
deux ou trois jours. Chez un malade elle persista pendant un mois
et jusqu'à la mort du malade (le malade était atteint d'une affection
grave du cœur et de l'aorte). A l'autopsie on ne trouve que très-rarement
des pseudo-membranes dans la vessie. La seule lésion notable
consiste dans la rougeur et l'injection d'une portion de la mem-
brane interne du système excréteur de l'urine. Les observations
confirment l'action irritante et stimulante que les canlharides exer-
cent sur le système génito-urinairc ; elles prouvent aussi que l'un
des effets consiste dans la production d'une plus ou moins grande
quantité d'albumine que les urines entraînent avec elle. Dans Talbu-
minurie cantharidienne, les reins sont bien réellement le siège de
l'acte pathologique d'où provient l'albumine que contiennent anormalement
les urines, et c'est dans la membrane séreuse ou séro-muqueuse
que s'opère cet acte pathologique. Une considération propre
à fortifier cette opinion est que : 1° l'action locale des vësicatoires,
elle-même, s'exerce sur un élément delà peau que l'on peut comparer
au tissu séro-muqueux qui constitue la membrane interne des reins,
2° que le produit sécrété par cet élément de la peau contient de l'albu-
mine en abondance, comme le produit sécrété par l'élément des reins
qui paraît être le siège, sinon unique, du moins principal, de l'action
du principe actif de la cantharide introduit par l'absorption dans le
système circulatoire sanguin. C'est une vésicalion intra-rénale. Il ne
faut pas confondre l'albuminurie cantharidienne àvccldi cystite canthari-
dienne décrite par M. Morel Lavallée, affection qui n'est autre que l'ex-
tension de la néphrite cantharidienne aux parois internes du réservoir
vésical en donnant lieu à la production d'un secretum fibrineux, ré-
sultat de rinflammation, bien distinct de l'exosmose albumineuse,
suite d'une dénudation de la membrane interne des canaliculcij.