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FONCTION GLYCOGÉNIQUE DU FOIE. 417
De nouvelles expériences de M. Bernard prouvent que le sucre ne
se forme pas d'emblée dans le foie, et que sa présence est constamment
précédée par une matière spéciale déposée dans son tissu et
qui lui donne immédiatement naissance. En effet, le tissu du foie,
dépouillé de tout le sang qu'il contient, au moyen d'un puissant
courant d'eau établi du tronc de la veine porte aux veines hépati-
ques, cesse de donner aucune trace de sucre, soit par la réduction
du liquide cupro-potassique (liqueur Barreswill), soit par la fermen-
tation avec la levure de bière. Mais la matière sucrée se reproduit; il
y en a déjà après quelques heures, et sa quantité va graduellement
en augmentant, au point d'atteindre, quelquefois en vingt-quatre
heures, la quantité du sucre qui existait primitivement dans le foicj
au bout de ce temps, toutefois, sa production est terminée, et, après
un nouveau lavage, on n'en retrouve plus.
La matière glycogène est un amidon : l'amidon existe dans tout le
règne végétal etpartout son apparition précède celle de la glycose.
Dans le règne animal, comme dans le règne végétal, un amidon
précède aussi la formation du sucre et lui donne naissance. Il est le
résultat d'un acte physiologique, tandis que son changement en sucre
est un acte purement chimique.
M. le professeur Bernard a réussi à obtenir la matière glycogène
du foie, sous forme d'une poudre blanche soluble dans l'eau et inso-
luble dans l'alcool ; cette substance, véritable corps semblable à la
dextrine, est de la dextrine animale, intermédiaire entre l'amidon et
le sucre. Il a, de plus, obtenu depuis longtemps le sucre du foie cris-
tallisé en petites houppes semblables aux cristallisations de la glycose
végétale.
Il y a donc dans le foie deux substances : 1° le sucre très-soluble
dans l'eau et qui est emporté avec le sang par le lavage; 2° une au-
tre matière peu soluble dans l'eau, et qui reste malgré ce lavage ;
cette dernière, dans le tissu hépatique abandonné à lui-même, se
change peu à peu en sucre par une sorte de fermentation. La formation
de ce sucre est empêchée parla cuisson; sur le vivant, cette ma-
tière se renouvelle sans cesse sous l'influence de la nutrition.
Une preuve nouvelle que cette matière est bien inhérente au foie,
et qu'elle n'est pas détruite par l'alcool, c'est que si on extrait la pulpe
du foie, qu'on la lave à l'alcool, qu'on la réduise à l'état pulvérulent,
cette poudre hépatique, humectée d'eau ordinaire, à la tempé-
rature ambiante, donne encore du sucre à cette eau.
Cependant le foie, non-seulement produit lui-même l'espèce de
sucre qu'on appelle glycose animale, mais transforme en cette sub-
stance le sucre que fournit la veine porte comme résultat de la di-
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