Nr. 2 (35) anul X / aprilie-iunie 2012 - ROMDIDAC
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ANGELo MITCHIEVICI<br />
S<br />
quat, squatting ou ocupada en espagnol. Le terme vient de l’anglais, il s’agit<br />
du verbe « to squat », qui signifie s’accroupir comme les animaux de proie qui<br />
sont aux aguets. Il est entré dans l’argot pour désigner l’occupation d’un espace<br />
public, tout en revendiquant un droit de propriété implicite sur celui-ci. Cet usage<br />
est devenu particulièrement fréquent, car il accompagne un phénomène culturel<br />
et social bien connu dans quelques grandes villes en Europe, mais surtout en<br />
France. Les jeunes artistes qui n’ont pas d’atelier, et il y en a pas mal dans<br />
cette situation, en trouvent un de cette manière. La loi française protège ce<br />
genre d’action culturelle et à Paris, à part l’aide directe, il y a aussi un support<br />
indirect, plus discret, établi sur la base d’un partenariat tacite entre la société<br />
locale et les communautés des artistes démunis. Que serait la France dépourvue<br />
de ses artistes ? Beaucoup d’entre eux ont vécu dans des conditions<br />
difficiles, dans de petites colonies, avant que leur art ne devienne une marque<br />
ineffaçable de la culture universelle. Le squatting représente aussi une forme<br />
civilisée, non ostentatoire de fronde, similaire peut-être au vagabondage hédoniste<br />
des beatniks, l’hypostase d’une liberté qui cherche son expression à<br />
la fois dans l’art et dans la vie.<br />
Dans tous ces sens, « Jour et nuit Culture » est un « squat », maintenant<br />
légalisé. C’est aussi le nom du collectif d’artistes qui l’occupe, qui s’est structuré<br />
ensuite en association. Reconnu pour ses efforts et l’originalité de sa<br />
démarche artistique, et son multiculturalisme, « Jour et nuit Culture » a signé<br />
une convention d’occupation temporaire et d’objectifs avec la Mairie de Paris<br />
en 2011. Les artistes qui s’épanouissent ici ont construit leurs propres ateliers,<br />
travaillent, exposent et arrivent à s’affirmer sur le marché artistique parisien,<br />
particulièrement exigeant.<br />
Initialement, les deux pôles de la bohème artistique se trouvaient d’une part<br />
et d’autre de la Seine, à Montmartre et dans le quartier Montparnasse. De nos<br />
jours, les plasticiens ont établi leurs ateliers à Belleville, ce quartier accessible<br />
et multiculturel, plein de couleur, joliment peuplé par les vendeurs de pacotilles,<br />
tandis que d’autres ateliers sont éparpillés dans les arrondissements Parisiens,<br />
comme le quinzième, où se trouve ce lieu collectif. D’ailleurs, j’ai été moi-même<br />
tenté d’acheter un masque africain – Brâncusi en avait un – attiré par le mariage<br />
des formes et des couleurs, par l’extraordinaire richesse du métissage culturel.<br />
Et c’est là une autre particularité du « squat », et plus particulièrement de Jour et<br />
nuit Culture, le mélange ethnique qui associe des origines et nationalités diverses<br />
telles que Chilienne, Berbère, Belge, Française, Salvadorienne, turque, Roumaine,<br />
Polonaise, Argentine, Autrichienne, guatemaltèque, Russe, Costaricaine,<br />
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Ex Ponto nr. 2, <strong>2012</strong><br />
fenomene artistice contemporane<br />
Jour et Nuit Culture – quatre portraits