16.06.2013 Views

Nr. 2 (35) anul X / aprilie-iunie 2012 - ROMDIDAC

Nr. 2 (35) anul X / aprilie-iunie 2012 - ROMDIDAC

Nr. 2 (35) anul X / aprilie-iunie 2012 - ROMDIDAC

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

surtout par la tension<br />

entre l’abstraction, la<br />

stylisation et l’ironie<br />

d’un côté, et la violence<br />

sublimée d’un imaginaire<br />

hanté par des<br />

souvenirs culturels, de<br />

l’autre.<br />

Bodo (george Bodocan)<br />

est un « primitif<br />

» du 21ème siècle,<br />

mais pas un retiré dans<br />

l’espace de l’art traditionnel;<br />

plutôt, un primitif<br />

Morgane Planchais<br />

– Arvore<br />

qui parvient à en capter et en récupérer l’énergie primaire pour la transformer<br />

dans l’art de son époque. Se plongeant dans l’aventure parisienne, Bodo refait à<br />

sa manière le parcours initiatique de tant d’artistes roumains à partir du 19ème<br />

siècle. Cette confrontation a libéré son potentiel de création dans un geste qui<br />

l’a projeté dans les rues de Paris, son marker à la main et l’imagination comme<br />

sa seule carte d’identité. Les coordonnées de son art se sont substantiellement<br />

modifiées, en altérant la forme et la consistance des lignes, en lui redonnant le<br />

don de la communication qui puisse pallier ses difficultés initiales avec la langue<br />

française. C’est bien la raison pour laquelle Bodo a choisi de dessiner en la<br />

présence de gens, fait moins habituel pour un artiste, menant sa conversation<br />

par la ligne et le point, plombant les hiatus de la parole avec ses dessins qui<br />

décrivent et traduisent de manière directe les fondements mêmes de son art.<br />

C’est ainsi que Bodo intitule les dessins composants son exposition de cette<br />

année, Messages by Bodo.<br />

vu par certains comme l’expression d’un autisme propre à l’art contemporain,<br />

l’art de Bodo donne forme au penchant contraire, à savoir au désir de<br />

communiquer de manière différente et de trouver un nouveau langage. C’est<br />

dans ce langage que la ligne retrouve la vibration de la parole, le dialogue compliqué<br />

de son dessin unit ses personnages dans une sorte de cocon relationnel.<br />

Mais il y a des fois où Bodo intériorise cette communication qui se retourne vers<br />

soi-même, qui devient autoscopie. Aussi, un des motifs qui revient de manière<br />

récurrente dans ses dessins est celui du Penseur qui opère le lien avec une<br />

double tradition: celle de l’art archaïque roumain, avec le Penseur de Hamangia,<br />

mais également celle de l’art moderne, avec le Penseur de Rodin. D’une<br />

certaine manière, le trajet des dessins de Bodo voyage le long des chemins<br />

décrit par l’art contemporain, de Rodin à Brancusi, auquel il s’apparente par<br />

un appétit pour l’essentialisation de la ligne.<br />

Ses messages vivent de manière quasi-naturelle dans les espaces et les<br />

interstices qui traversent la ville et le tissu urbain, le lien que sa ligne poursuit<br />

étant celui de la communication non-verbale. L’art s’est séparé de ses supports<br />

traditionnels et est venu habiter des objets abandonnés, trouvés dans la rue,<br />

des objets qui, la plupart du temps, ont cessé d’être utiles; des objets dont le<br />

souvenir se perpétue dans une mémoire spectrale, prolongeant de manière<br />

nostalgique l’identité de ceux auxquels ils ont appartenu, se détachant des<br />

lambeaux du corps du grands Léviathan de la ville. Ce sont bien cet abandon<br />

et cette inutilité qui les condamnent à la condition de déchet qui, en même<br />

temps, confèrent à ces objets la gratuité du fait esthétique, la surface idéale<br />

où la communication qu’il enclenche peut se déployer. Bodo leur donne la<br />

Ex Ponto nr. 2, <strong>2012</strong><br />

177

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!