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Nr. 2 (35) anul X / aprilie-iunie 2012 - ROMDIDAC

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Ex Ponto nr. 2, <strong>2012</strong><br />

174<br />

Damas, il expose ses photos qui attirent<br />

l’attention d’un représentant de<br />

l’onU. Il a projeté son voyage vers<br />

Paris après avoir fait l’expérience<br />

d’une existence itinérante, mais<br />

aussi fasciné par le mirage de cette<br />

« cour des miracles », la Capitale<br />

des Arts que tout artiste se doit de<br />

connaître. À Paris, Stefano a suivi<br />

l’Ecole Supérieure de Réalisation<br />

(la section de l’Audiovisuel) et, pour<br />

assurer ses moyens de survie, a<br />

travaillé en tant que photographe<br />

« amateur » pour les mariages et<br />

d’autres événements privés. Dans le<br />

cadre de l’Association « Jour et nuit<br />

Culture », Stefano s’occupe aussi<br />

du cinéclub et de la cinémathèque.<br />

J’y ai eu d’ailleurs l’occasion de voir<br />

une excellente sélection cinémato-<br />

Alejandro Saga – Arbre noir<br />

graphique réalisée par cet artiste<br />

doué. À présent, Stefano coréalise<br />

un documentaire « La nostalgie de la Cardamone » qui boucle un trajet karmique<br />

entre Delhi, Amristar, Srinagar, Leh, Rishikesh. L’Inde ancienne est parcourue<br />

avec une caméra sur les traces de victoria Donnet, danseuse, cinéaste et<br />

monteuse. Entre docudrame et road movie, le film de Stefano reconstitue un<br />

espace de la mémoire affective, la monographie d’un état d’âme qui filtre la<br />

beauté fatale de l’Inde.<br />

Morgane Planchais, Morgana, nom qui associe le mirage et l’imagination, a<br />

suivi les cours de l’École d’Arts Appliqués « olivier de Serres » à Paris. De tout,<br />

dans cette fille souple et expressive, avec des traits hispaniques, émane une<br />

énergie dans laquelle s’insinuent une sorte d’inquiétude et de vitalité vibrante,<br />

presque réprimées. C’est notamment cette force qu’elle réussit à transposer<br />

dans son art. Les arbres qu’elle dessine ont cette qualité particulière des racines<br />

qui pénètrent la terre, en creusant leur chemin, portées par une volonté aveugle.<br />

Leurs troncs dépourvus de feuilles, d’une texture durcie comme celle des armures,<br />

ont l’air glacial, comme s’ils avaient traversé l’hiver atomique, pétrifiés,<br />

en train de se fossiliser. Morgana n’a pas caché l’influence de son dessin par<br />

les sculptures de Frans Krajcberg, Juif d’origine polonaise, réfugié au Brésil<br />

après avoir perdu toute sa famille dans l’holocauste, Krajcberg a lutté toute sa<br />

vie contre la déforestation de la forêt d’Amazonie et les grands défrichages de<br />

la forêt brésilienne dus à la volonté d’une forme brutale d’agriculture intensive,<br />

arrachant et brûlant sur place les arbres et leurs racines. L’image apocalyptique<br />

que les sculptures de Krajcberg évoquent s’inspire de cette « shoah de<br />

la nature » tel qu’il le dit, et de ces troncs de grands arbres morts, mais aussi<br />

de la vie tentaculaire des mangroves, cette vitalité irrépressible à la limite de<br />

l’extinction. Le geste artistique correspond à la pensée écologique que ces artistes<br />

partagent. Il est intéressant de voir comme de ses troncs sculptés continue<br />

à émaner la force d’une vitalité accumulée dans leur cuirasse, même si leur vie<br />

s’est évanouie. De son côté, Morgana joue avec l’espace blanc, qu’elle envahit<br />

graduellement, tout en mettant en valeur le contraste qui s’y révèle. « Dans les<br />

Arbres je vois une corporalité, une organicité, un mouvement, je tente de sentir

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