Nr. 2 (35) anul X / aprilie-iunie 2012 - ROMDIDAC
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Ex Ponto nr. 2, <strong>2012</strong><br />
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chance d’une second life, il reprend leur dernier souffle, l’energie résiduelle de<br />
l’objet ayant eu une existence plus ou moins obscure dans un contexte, avant<br />
d’être considéré mort, avant de se transformer en rebut. C’est d’emblée que<br />
l’objet se trouve renommé, signifié à nouveau, qu’il sort de l’anonymat et qu’il<br />
vient s’inscrire dans la toile de la ville où on est, nous aussi, insérés. C’est<br />
dans l’espace vide que Bodo trouve le lieu pour loger son univers de signes.<br />
Planchers, matelas, les housses des fauteuils, l’ecran d’un ordinateur, la surface<br />
d’un abat-jour, des morceaux de carton ou de verre, des nappes – autant<br />
d’objets qui deviennent le supports de son art. Dans le même temps, le support<br />
se constituie en surface ready made, car une fois entamé le parcours des lignes,<br />
ces mêmes objets deviennent des espaces abstraits. Il y a toute une série de<br />
points communs entre les dessins de Bodo et le street art au sens classique<br />
du terme, le graffiti, etc.; et notamment avec l’art de Keith haring, bien que les<br />
différences soient notables. Les messages de Bodo ne privilegient pas l’element<br />
anecdotique; au contraire, ils representent des reflexions sur la communication<br />
humaine, par-dela les différences de millieu, de race, de classe, une réflexion<br />
qui coupe à travers l’espace social vers l’endroit plus profond d’une sensibilité<br />
generique, voire d’une certaine forme d’empathie.<br />
tout comme l’artiste primitif, Bodo a trouvé dans la stylisation la force du<br />
langage symbolique qui parvient à faire voir l’essentiel. Parfois, ces essentialisations<br />
renvoient à l’art de Brancusi, surtout pour ce qui est de la recherche de<br />
la forme parfaite susceptible de contenir les virtualités des debuts et les vertus<br />
de l’originaire. C’est ainsi qu’il convient de comprendre la fluidité de la ligne qui<br />
évite le calligramme de l’Art nouveau ou bien son aspect décorativiste pour<br />
retrouver la perfection des formes simples, matricielle. Dans ce sens, l’artiste<br />
préfère le plus souvent travailler avec le marker noir sur une surface claire ou<br />
avec un marker blanc sur une surface sombre.<br />
La récurrence de certains motifs, des instances icôniques évoquent l’espace<br />
d’une tradition où le dessin correspond à un symbole, à une forme matricielle.<br />
Il ne s’agit pas ici de cette tradition qui s’oppose à toute nouveauté en matière<br />
d’art, mais, au contraire, d’une tradition qui constitue le bassin de formes<br />
primaires et d’imaginaire de tout art. Cette tradition est représentée à travers<br />
de motifs, la plupart du temps des triangles modulaire – tant utilisés dans l’art<br />
primitif ou, plus précisément encore, dans l’art de toutes les anciennes civilisations<br />
– ou alors des lignes en serpent qui construisent à la fois la structure<br />
et la fluidité de l’art, le lien entre morphologie et syntaxe, entre les phrases et<br />
les propositions. Les symboles forment la configuration d’une relation archétypale<br />
et d’une gesticulation primordiale à l’intérieur de laquelle Bodo insère une<br />
opération réflexive. Son penseur, souvent réduit à des dimension lilliputiennes<br />
par rapport aux cosmographies où il se trouve inséré, devient le signe de<br />
ponctuation de toute phrase conçue par l’artiste: l’étonnement , la réflexion, la<br />
question, la nostalgie, etc. Un autre élément important des messages de Bodo<br />
est donné par la relation quasi-dialectique entre le plein et le vide. Les messages<br />
de Bodo retrouvent une tension primaire de la ligne habitant un espace<br />
vide et de la forme avec le pré-formé; certains de ses personnages se forment<br />
dans un espace vide, mais instaurent en même temps un dialogue entre leur<br />
présence et les contours qui les soulignent et les entourent.<br />
tous ces artistes se sont mis à l’épreuve de l’aventure avec une unique<br />
boussole, leur art, et avec un courage impressionnant, auquel seule l’admiration<br />
puisse répondre. Ils ont su construire une communauté multiculturelle rayonnante<br />
et riche d’expressions, dans laquelle chacun se réalise, tissant son aventure<br />
parisienne à « Jour et nuit Culture ».