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LES VILLAGES ANTIQUES DU NORD DE LA SYRIE JUSTIFICATION DE L’INSCRIPTION
Les chaînons du Jebel Sem’an, plus escarpés et plus arides, sont
dominés par les rochers karstiques affleurant, mais permettent
néanmoins, dans leurs nombreuses plaines et poches de terre, le
développement agricole.
Le Jebel Barisha offre l’image d’un paysage inhabité, dominé par
le rocher calcaire. Dans le Jebel al-A’la, situé en face, les wadi
cultivés en terrasses et les zones karstiques se mélangent pour
créer un paysage façonné depuis l’Antiquité par l’œuvre de
l’homme.
Les chaînons du Jebel Zawiyé, plus bas et moins morcelés, offrent
un paysage plus doux et permettent le développement d’une
agriculture florissante basée, encore aujourd’hui, sur la culture de
l’olivier et d’autres arbres fruitiers.
Finalement, le Jebel Wastani, le plus proche de la côte
méditerranéenne, profite partiellement, dans sa végétation éparse
et dans l’activité agricole, de l’humidité de la mer et présente
donc un aspect légèrement différent de celui des autres chaînons
du Massif calcaire.
En ce qui concerne l’archéologie et l’architecture, une profonde
unité rassemble ces différentes aires du Massif calcaire qui
constituent un ensemble historiquement et culturellement
homogène unique au monde pour son patrimoine monumental.
Les caractères spécifiques de cette région sont les suivants :
La région du Massif calcaire est une aire à forte densité
archéologique. Elle compte environ 700 sites dont une
soixantaine comporte encore des témoignages cohérents et de
qualité de cette civilisation agricole.
La conservation des édifices anciens est exceptionnelle,
parfois jusqu’au niveau de la toiture originelle, circonstance très
rare en archéologie.
En raison de l’abandon de la vie agricole après le Xe siècle, la
région est une riche source de connaissance de la vie rurale
romaine et byzantine, relativement peu perturbée par le
RéPUBLIQUE ARABE SYRIENNE
peuplement et la reconstruction ultérieure. L’interruption des
établissements humains a généralement préservé leurs ruines qui
n'ont que rarement été pillées pour réutiliser leurs grands blocs de
pierre.
Les paysages ruraux n’ont pas connu les déformations qu’une
occupation humaine constante aurait causées, mais simplement
une longue et lente dégradation. Dans son état actuel, le paysage
offre une image claire de l’état de la région à l’époque de son
abandon.
L’ensemble est historiquement cohérent et géographiquement
unitaire. Les matériaux employés sont les mêmes et ils
déterminent les techniques de construction ainsi que les
typologies architecturales.
L’intérêt archéologique et historique de ces vestiges antiques
est amplifié par le fait qu’ils représentent l’exemple tangible d’une
civilisation agraire très fortement constituée dès le Ier siècle de
notre ère. Les traces laissées sur le territoire fournissent un
témoignage sans équivalent sur la vie rurale de l’époque ; des
éléments très étendus de parcellaires fossiles subsistent,
particulièrement au Nord (Jebel Sem’an) et au Sud (Jebel Zawiyé).
Des aspects spécifiques sont susceptibles d'octroyer une
valeur exceptionnelle, à l’échelle universelle, à ces sites.
Tchalenko évoque le rôle de la Syrie dans « la création de la
typologie de la basilique chrétienne », dont de premiers exemples
subsistent dans le Massif calcaire, à côté d’un type plus ancien
(Qirqbizé). D’autres ont évoqué une filiation des absides des
églises romanes européennes avec celles que l’on peut encore
admirer à Deir Sem’an et Qalb Lozé. Ce sont les mêmes capacités
d’assimilation et de création qui donneront naissance peu après à
l’art Islamique Omeyyade. Le Massif calcaire a donc fonctionné
comme l’un des laboratoires qui ont si facilement et si rapidement
permis l’avènement d’une nouvelle architecture qui se répandra
dans les siècles suivants de l’Andalousie à l’Inde.
Ph. 179 Doline —
F. Cristofoli, 2008
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