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LeS ViLLAGeS AntiQUeS DU norD De LA SYrie DeSCriPtion
iV.2.2 Deir Sem’an
Le village se trouve sur un plateau peu élevé qui domine la plaine
de Qatura. Le village, anciennement nommé Telanissos («la
montagne des femmes»), est constitué d’un village ancien au
Nord, enveloppé plus tard vers le Sud et vers l’Est par un village
nouveau, créé pour les besoins du pèlerinage. Le nucleus plus
ancien, au plan ramassé et aux ruelles étroites, fut construit entre
le Ier et le Ve siècle. La partie plus récente du village antique se
distingue d’une part, par l’ampleur des constructions et la beauté
de leur grand appareil très soigné et, d’autre part, par son plan
épars le long des principales rues sans ordre préconçu. Il est
constitué presque entièrement de bâtiments publics, de
monastères et d’auberges pour les pèlerins.
Le village de Deir Sem’an a connu un réel essor au VIe siècle,
quand le village agricole est devenu une ville de pèlerinage née
de la gloire du stylite saint Siméon. Les grands édifices qui s’y
dressent ont été construits à partir de la mort du saint en 459 et
surtout à partir du moment où le chantier du grand sanctuaire a
amené, pendant plusieurs années, un nombre considérable
d’ouvriers.
Le village de Telanissos et ses moines ne vivaient pas de
l’exploitation de leurs terres, mais tiraient plutôt leurs ressources
du pèlerinage dont ils étaient les maîtres. Le village de Deir
Sem’an contextualise ainsi le site de Qal’at Sem’an en lui donnant
un regard complice sur la vie quotidienne du centre de
pèlerinage.
Par la suite, la permanence du site est attestée jusqu’au IXe et
peut-être même au XIIe siècle.
Les auberges
Le caractère du site se manifeste dans la présence des auberges
(achevées entre 470 et 480) destinées à héberger une foule de
pèlerins. Ces hôtelleries reprennent, à échelle amplifiée, la
composition des auberges de la région. Elles comprennent toutes,
selon Tchalenko, deux parties séparées à deux niveaux, l’une,
plus petite, pour les voyageurs aisés, et l’autre, plus grande, pour
les écuries et les logements en commun.
rÉPUBLiQUe ArABe SYrienne
L’église et les monastères
À l’extérieur de l’agglomération se trouvent quatre grands
établissements ecclésiastiques. Au Nord-Est se trouve une église
isolée, qui servait probablement à la population permanente du
village, alors que dans les autres directions, on retrouve de grands
ensembles monastiques organisés selon le plan habituel.
Les trois couvents et l’église sont extérieurs au village, mais très
voisins, aux abords immédiats des routes.
Le Couvent du Nord-Ouest, datant de la fin du Ve ou du début du
VIe siècle, est le plus ancien. Son église reprend la façade de la
branche Nord du martyrion et ses chapiteaux ont été faits par les
mêmes équipes d’artisans qui travaillaient au sanctuaire. Les
autres bâtiments du couvent et le cimetière sont légèrement
postérieurs, mais ont sûrement été conçus en même temps. À
proximité du couvent, se trouve un vaste enclos qui devait
accueillir les masses de pèlerins.
Le couvent du Sud-Ouest forme, avec une vaste étendue de terre
arable entourée de murs antiques, un vaste ensemble. L’église est
très vaste, à une seule nef et avec un chevet plat. Elle date
probablement de la moitié du VIe siècle.
Le couvent du Sud-Est comporte deux grands bâtiments à
portiques. Dans ce monastère, l’église est petite et complètement
intégrée au bâtiment à portiques restant invisible depuis
l’extérieur. L’ensemble date probablement de la fin du VIe siècle.
La “résidence”
La “résidence” de Deir Sem’an est un vaste ensemble en dehors
des typologies que l’on a dressé plus haut. Un grand bâtiment,
entièrement construit en appareil orthogonal à deux étages, est
précédé d’un portique donnant directement sur l’extérieur.
Chaque étage est occupé par une grande pièce divisée en trois par
des rangées de colonnes. L’ensemble comporte deux autres
bâtiments et une porte monumentale. Ils sont organisés autours
d’une cour et pourraient être considérés comme une “maison”,
mais les caractères du premier bâtiment, avec son portique à deux
étages donnant sur l’extérieur, laissent à penser qu’il s’agissait
peut-être d’une “résidence officielle”.
Pl. 55 Plan du village de Deir Sem’an et schémas
des trois couvents — dans tCHALenKo, 1953
Ph. 95 La “résidence” — S. ricca,
2007
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