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LES VILLAGES ANTIQUES DU NORD DE LA SYRIE JUSTIFICATION DE L’INSCRIPTION
demeures. Le musée de la ville de Shahba a d’ailleurs été
implanté sur les très belles mosaïques d’une résidence luxueuse.
Le règne de l’empereur syrien ayant été de courte durée, la ville
ne s’est pas développée autant qu’elle l’aurait pu à l’intérieur du
rempart. Mais le site n’a pas été abandonné pour autant et a
continué à être occupé aux périodes byzantine et médiévale.
À quelques kilomètres au nord-est de Shahba se trouve le site
remarquable de Shaqqa, l’ancienne Saccaea, capitale de la
Saccée, région fertile enclavée entre le Léja à l’Ouest, le Jebel al-
‘Arab au Sud et le désert du Harra et du Safa à l’Est. Sans doute
siège d’une garnison dès l’annexion de la région à la province
romaine de Syrie, le site conserve les vestiges d’une basilique
civile, de plusieurs très belles habitations au riche décor
architectural et sculpté, d’un énorme édifice, appelé la Kaisariyeh
et généralement qualifié de palais de gouverneur. Celui-ci était
plus vraisemblablement un petit forum associé à une vaste salle
basilicale, qui a connu une phase de monumentalisation au IIIe
siècle. C’est d’ailleurs en 287 que l’agglomération est élevée au
rang de cité, sous le nom de Maximianopolis. Au Ve siècle,
RéPUBLIQUE ARABE SYRIENNE
Ph. 192 L’église Saint-Georges à Ezra — M. Balty, 2006
Maximianopolis devient le siège d’un évêché et la kaisariyeh est
transformé en palais épiscopal. À cette période proto-byzantine
appartiennent aussi un monastère et plusieurs églises installées
dans des monuments d’époque impériale.
À la pointe Sud-ouest du Léja, Ezra, l’ancienne Zorava romaine,
avait le statut de métrokomia à partir de 230 après J.C.. Ces
métrokomiai sont une caractéristique du Sud de la Syrie, dont une
partie appartenait à un domaine impérial. Ce statut particulier
permettait d’élever certaines agglomérations au-dessus des
simples villages, sans leur donner l’autonomie d’une polis, et
donc de préserver l’intégralité des droits de l’empereur. Le village
a conservé de remarquables vestiges de l’époque proto-byzantine,
où il prend le nom de Zérabénè. Outre de nombreuses grandes et
riches demeures, il compte également deux églises du VIe siècle
à plan centré, appartenant au type de celle de Bosra, l’une dédiée
à saint Georges et, sur les ruines d’un temple païen en 515, l’autre
dédiée à saint Elias (542). La première conservait encore son
dôme en pain de sucre lors du passage de l’expédition américaine
de Butler en 1899-1900. Ce sont sans doute les plus anciens
édifices chrétiens non transformés encore en service.
Il n’y a pas au Sud de la Syrie de lieu de pèlerinage de l’envergure
de Qal’at Sem’an. En revanche, la région est sur la route de
Jérusalem et, selon la situation politique et les problèmes de
sécurité (attaques des caravanes, pillage des pèlerins), l’itinéraire
emprunté était celui de l’Ouest, à travers la plaine de la Batanée
ou celle de l’Est, en longeant le rebord oriental du Léja. Les
caravanes de pèlerins faisaient des haltes dans les villages et, sur
la route occidentale, Mahajjeh sur la bordure occidentale du Léja
était une étape ; son nom signifie d’ailleurs « lieu de pèlerinage »,
et le village devait posséder des reliques importantes. Ezra devait
constituer une autre étape possible. Sur la route orientale, Hayat
a pu être une halte, car on y a récemment découvert un
sarcophage-reliquaire dans une habitation transformée en
martyrion, tout à côté de l’église. Plus au sud, Shaqqa-
Maximianopolis et Qanawat-Canatha devaient aussi recevoir des
pèlerins.
Ph. 193 Grande maison à Khirbet Ghazaleh
dans la Batanée — M. Balty, 2006
Pl. 105 Plan d’une habitation “mixte” à Muhajat
dans la Batanée — A. Hallawa et D. Chahine, 2005
Pl. 106 Plan d’une résidence à
‘Amrah, sur le flanc nord du Jebel al-
’Arab — P. Bodo, 2008
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