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LES VILLAGES ANTIQUES DU NORD DE LA SYRIE DESCRIPTION
hautes ; la dernière étaient de 40 coudées, soit une vingtaine de
mètres. Il y vécut près d’un demi siècle, exposé à toutes les
intempéries, la neige comme la canicule, soumis aux privations et
mêmes aux tortures qu’il s’imposait, enchaîné et se livrant à des
centaines de génuflexions par jour accompagnant ses prières, tout
en évangélisant ses visiteurs païens. Après sa mort, son corps fut
transporté à Antioche sous la protection d’une solide garde armée.
Pour donner compensation aux villageois de la région qui
s’estimaient lésés, l’Empereur Zénon ordonna la construction d’un
grand sanctuaire autour de la place occupée par la colonne du
Saint. Ce site, magnifique par son architecture autant que par les
paysages dont il est environné, est aujourd’hui le but de
nombreuses visites touristiques.
À partir de 540-550, tout change. On ne construit plus de maison,
preuve que la pression démographique n’est plus aussi forte ou
plutôt que les surplus agricoles se sont réduits. Les sources
textuelles, particulièrement les chroniques syriaques, montrent
que tous les 10 à 15 ans, la Syrie est affectée par des disettes, des
épidémies de peste ou d’une autre origine, et par des mortalités
élevées. C’est à cette époque aussi que reprend la guerre contre
la Perse ; à la différence des précédentes, ces guerres se déroulent
en territoire impérial, notamment en Syrie, et elles se traduisent
par des destructions, des impositions de tributs élevés et des
déportations. L’explication la plus vraisemblable de ces difficultés
est que la Syrie est affectée par une crise de type “malthusien“,
qui nait d'un écart croissant entre une démographie dont la
tendance demeure à la hausse et des ressources qui plafonnent,
faute de pouvoir élargir encore les terroirs ou d’intensifier les
travaux agricoles. Ce décalage confère un caractère tragique aux
conséquences des récoltes moins bonnes et au moindre incident
climatique. Chaque crise se traduit par des mortalités qui
réduisent la pression, mais permettent de nouveaux
accroissements qui aboutissent à de nouvelles cri ses. C’est en
même temps une période d’appauvrissement, peut-être aggravée
par les perturbations que la guerre entraîne dans le commerce
international dont le Massif calcaire tirait indirectement bénéfice,
RéPUbLIQUE ARAbE SYRIENNE
à travers la richesse des grandes villes proches d’Antioche,
Apamée, Séleucie, Laodicée et même Chalcis du Bêlus. La
conquête arabo-islamique n’entraîne aucun changement
d’importance dans le domaine économique et social. Au début du
VIIIe siècle, en revanche, la population du Massif calcaire
redescend, en un mouvement lent, vers les plaines voisines plus
fertiles, d’où leurs ancêtres étaient originaires et où la place ne
manque plus. Au Xe siècle, le Massif calcaire est quasi-désert.
C’est cet abandon qui a permis la préservation des villages
antiques et des parcellaires dont ils étaient environnés. Mais c'est
le mouvement inverse, le repeuplement qui marque l'évolution de
la Syrie depuis l'indépendance, qui menace à son tour l'intégrité
et parfois même l'existence de cet ensemble archéologique
exceptionnel.
Ph. 9 église à pilier de Qalb Lozé —
S. Ricca, 2006
Ph. 10 église à colonnade à Kharab Shams —
F. Cristofoli, 2003
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