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LES VILLAGES ANTIQUES DU NORD DE LA SYRIE JUSTIFICATION DE L’INSCRIPTION
III.3 Les sites archéologiques et monumentaux
Aux paysages naturels ou travaillés par l’homme que nous venons
d’évoquer, participent des vestiges archéologiques, dont les plus
immédiatement perceptibles sont de nature architecturale.
Dans le sud de la Nuqrah, en Jordanie, nombreux sont les sites
qui illustrent parfaitement la vivacité du christianisme naissant :
les villages de Sameh et Umm al-Quttain comportaient un
important monastère, Khirbet Samra comptait pas moins de 8
églises, Umm al-Jimal en avait 15, et les villageois d’Umm ar-
Rasas pratiquaient leur culte dans 16 églises différentes.
Dans les montagnes du Taurus, au sud de la Turquie, les maisons
villageoises de Cilicie et de Lycie révèlent une parenté étroite avec
celles de Syrie du Nord. Elles montrent les mêmes rez-dechaussée
aveugles, les mêmes escaliers de pierre desservant
l’étage et les mêmes citernes disposées au pied des maisons. On
y trouve également d’importants sites chrétiens, tel que le
monastère d’Alahan (Ve-VIe siècle) avec une basilique à trois nefs,
un baptistère, et une église à coupole, reliés par un portique de
130 m de long. De récentes prospections ont montré que le terroir
de ce site était beaucoup plus développé dans l’antiquité et
comportait de nombreux villages.
Dans le désert du Néguev, les agglomérations nabatéennes
d’Avdat-Oboda, Haluza-Elusa, Mamshit-Mampsis, Shivta-Sobota
(classées en 2005 sur la Liste du patrimoine mondial de
l’UNESCO) et leurs territoires agricoles présentent également des
points communs avec la Syrie du Nord. En effet, après une
période de déclin due au changement de route du commerce
caravanier, la région a retrouvé une importance certaine à
l’époque byzantine, attestée par la construction de monastères,
d’églises, et l’apparition de nouveaux quartiers d’habitation. Les
vestiges en sont particulièrement bien conservés, notamment à
cause d’un abandon de la région au VIIe siècle, reproduisant le
scénario nord-syrien. On peut citer notamment les monastères de
RéPUBLIQUE ARABE SYRIENNE
Nessana, d’Oboda, Ruheibeh, Sobota, et de Tel Masos. En Galilée
et en Samarie, les villages proto-byzantins comptent de
nombreuses églises, mais elles ne sont pas de la qualité de celles
de la Syrie du Nord, tout comme les habitations d’ailleurs, qui ne
sont jamais aussi bien conservées.
Ainsi, parmi les régions Proche-Orientales, aucune ne semble
pouvoir rassembler les qualités à la fois esthétiques et
scientifiques de la Syrie du Nord qui, aujourd’hui encore présente
des ensembles architecturaux qui allient techniques avantgardistes
et décors uniques.
En Egypte, les vestiges du monde rural proto-byzantin sont plus
ténus, en raison du matériau de construction utilisé, qui était
principalement la brique crue ; ce sont les nombreux papyrus,
plutôt que les dégagements archéologiques, qui ont renouvelé,
ces dernières décennies, nos connaissances sur les campagnes
égyptiennes de l’époque classique tardive. Quelques sites
peuvent néanmoins être mentionnés. Ainsi, le site de Baouît, situé
à 80 km au nord d’Assiout, abrite les ruines d’un monastère fondé
par saint Apollô à la fin du IVe siècle. Sa superficie de 40 ha
équivaut à peu près à celle de Qalaat Seman en Syrie du Nord,
mais son état de conservation n’est pas comparable. Les fouilles
actuellement en cours permettent cependant d’étudier les
différents aspects d’un complexe monastique de moyenne Egypte
du point de vue de l’architecture monumentale, représentée par
plusieurs églises, des installations artisanales et domestiques. S’y
ajoute une riche documentation écrite qui renseigne sur la vie
quotidienne des moines et leurs échanges avec le monde
extérieur.
Ph. 196 Umm al-Jimal, église ouest — M. Balty,
2005
Ph. 197 Monastère d’Alahan — 2009
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