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LES VILLAGES ANTIQUES DU NORD DE LA SYRIE PROTECTION ET GESTION DU BIEN
celles du paysage devra être résolu de façon sensible au cas par
cas, en prenant en compte les dimensions paysagère et
écologique. La structure qui sera en charge de la gestion du site
devra, en accord avec le département des Antiquités, mettre en
place un protocole prévoyant le traitement le plus
écologiquement compatible possible pour le désherbage et
l’élimination ponctuels de la végétation qui pousse sur les
vestiges, et les gardiens des parcs devront être formés aux
techniques les plus appropriées.
À un autre niveau, il est essentiel d’envisager un système
permettant de réformer les mécanismes qui régissent actuellement
la mise en place des campagnes de reboisement dans le Massif
calcaire. Du fait de l’absence d’une coordination efficace entre le
ministère de la Culture et le ministère de l’Environnement ayant
en charge l’entretien du territoire, les reboisements effectués dans
les dernières années n’ont pas été réellement compatibles avec les
caractéristiques de la flore du massif. En effet, ces reboisements
ont souvent même eu un impact négatif sur le paysage du massif
par le choix des essences (en grande majorité des cyprès, des pins
d’Alep et même des eucalyptus), et par la rigidité des schémas
d’implantation qui produisent un paysage dense, régulier et
“artificiel” là où la nature a produit un paysage raréfié et irrégulier.
Il est essentiel, en effet, de veiller à ce que la disposition spatiale
des arbres ne risque pas de créer un aspect de montagne alpine
qui ne correspond absolument pas aux modèles régionaux. Par
ailleurs, il faut considérer que la région du Massif calcaire est
assez pauvre en zones forestières spontanées, et que les arbres qui
poussent spontanément sont plutôt des arbres et buissons du
maquis (chênes-verts, pistachiers, lentisques, lauriers sauce)
installés irrégulièrement là où ils trouvent une poche de terre
propice à leur développement. Les oliviers et les autres plantes
fruitières cultivées, amandiers, figuiers, etc., colonisent ces
territoires eux aussi de façon spontanée. Contrairement aux
plantations récentes, très régulières, leur disposition est aléatoire.
Cette occupation du sol spontanée doit constituer le modèle pour
les opérations de mise en valeur paysagère à venir.
RéPUBLIQUE ARABE SYRIENNE
Un discours différent, qui puisse prendre en considération aussi la
signification historique et l’impact sur les aménagements
touristiques, concerne le site de Saint-Siméon * . Il y a plus de 50
ans, la colline où s’élève le monastère, autrefois presque nue
comme les collines environnantes, a fait l’objet d’un reboisement
intensif. Aujourd’hui, le site jouit d’un entourage ombragé,
apprécié par les visiteurs, mais la forêt de cyprès qui l’entoure
modifie profondément l’aspect ancien du site. Alors que différents
partis sont envisageables (allant de la suppression totale à la
conservation et l’entretien de la forêt), une solution de
compromis, qui à long terme pourrait restituer l’image d’origine
au site, consisterait à ne pas remplacer les sujets arrivés en fin de
vie.
Finalement, une attention particulière devra être accordée à la
présence de Prosopis farcta (buisson épineux semblable à un petit
acacia couvert de grosses gousses). Il s’agit en effet d’une plante
envahissante qui s’installe avec délice dans les zones cultivées et
se multiplie très rapidement, profitant d’un sol plus léger et fertile.
Les Prosopis farcta tendent à étouffer progressivement les cultures.
Il est donc important d’informer les agriculteurs et les inciter à
éradiquer cette “peste” végétale des zones cultivées, d’autant plus
que son essor est facilité par les troupeaux de chèvres qui en
disséminent les graines avec leurs déjections.
L’exploitation de la pierre
L’extraction de la pierre calcaire du massif est une importante
source de revenus pour la population de la région et les carrières
constituent actuellement la principale entreprise de la région.
Cette activité s’explique par la qualité de la roche calcaire,
excellent matériau de construction d’une part et en même temps
matière première pour la fabrication de la chaux et du ciment. Ces
(*) La question de l’aménagement de l’esplanade du martyrion ne
concerne pas les aménagements paysagers, mais sera décidée par la
DGAM et les archéologues en charge du site dans le cadre de la mise en
valeur du complexe de Saint-Siméon.
Ph. 222, 223 & 224 Végétation sur les
maçonneries ; eucalyptus à Shinshara ; reboisement de
cyprès — C. Garnero-Morena, 2007
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