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LES VILLAGES ANTIQUES DU NORD DE LA SYRIE DESCRIPTION
III.1.3 Décor
Le caractère de la construction confère une homogénéité et une
originalité frappantes à l’architecture du Massif calcaire. Cela est
encore plus vrai pour le décor.
La composition est marquée par une volonté d’ordre et de
logique ; le dessin est clair, sobre, immédiatement saisissable. Les
motifs se juxtaposent avec la même valeur tout en gardant leur
individualité. Chaque élément conserve sa valeur de modelé :
pourtant son relief reste soumis au profil. La pierre calcaire se
prête d’ailleurs admirablement au modelé des profils.
Le décor est toujours lié à l’architecture du monument : linteaux
sculptés, encadrements, corniches, bandeaux… À la fin du
Ve siècle, la recherche de composition des façades par des
moulures enveloppantes, par exemple, est de plus en plus
affirmée.
Les éléments du décor ne sont pas nouveaux : à l’origine on
retrouve les motifs traditionnels de l’art gréco-romain et grécooriental
auxquels se mêlent des éléments d’origine plus lointaine
(mésopotamiens ou proprement byzantins), mais ils sont
transposés dans une technique et un esprit propres à la région.
Les motifs végétaux sont abondamment utilisés mais dans un style
décoratif et non naturaliste.
Dans le décor d’époque chrétienne, on note l’absence presque
complète des représentations d’hommes et d’animaux. En
revanche, le chrisme sert de base à de nombreuses compositions,
d’esprit géométrique. Le même esprit, s’appliquant au décor
continu des surfaces où le même motif se répète indéfiniment,
conduit vers des schémas graphiques qui préfigurent l’art
musulman.
L’unité si frappante de la technique et du décor ne s’explique que
par l’existence d’équipes itinérantes de maçons, tailleurs de pierre
et sculpteurs constituées autour de l’architecte.
À Qal’at Sem’an, on constate la présence évidente, sur l’énorme
chantier, de nombreuses équipes distinctes, dont certaines
RéPUbLIQUE ARAbE SYRIENNE
venaient de très loin. La dispersion de ces dernières à travers le
massif à la fin du chantier répandit les techniques et les formes
nouvelles.
Une double évolution se produit au début du Ve siècle. Le
développement du décor sculpté dans les maisons, les églises,
etc. ainsi que la substitution de l’appareil orthogonal simple à
l’appareil double. Ils témoignent, d’une part, de la spécialisation
technique des métiers et, d’autre part, d’un changement des
conditions générales de l’économie. En effet, le recours à des
spécialistes implique le versement d’un “salaire“ sous une forme
ou une autre.
Ph. 42 Façade d’une église à Sinkhar — F. Cristofoli, 2008
Pl. 28 & 29 Décors sculptés — dans DE VOGÜé,
1865-1877
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