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LES VILLAGES ANTIQUES DU NORD DE LA SYRIE JUSTIFICATION DE L’INSCRIPTION
La Mission française en Syrie du Sud (UMR 7041) a, depuis 1974,
repris l’enquête sur l’habitat, élargie à une recherche sur le
peuplement, le fonctionnement de la société et de l’économie de
la région. Une mission allemande a travaillé pendant plusieurs
années à Qanawat et dans quelques villages ; tandis qu’une
mission américaine étudie le site d’Umm el-Jimal.
Toutes ces recherches attestent une occupation assez dense de la
région dès l’époque hellénistique, avec une véritable mise en
valeur à partir de l’époque romaine et du Ier siècle, puis d’une
période particulièrement florissante aux Ve et VIe siècle. Il n’y a
pas de changement brutal au moment de l’installation des Arabes,
après la bataille du Yarmouk en 636 ; tout porte à croire que
malgré les épidémies de peste, les tremblements de terre et autres
calamités, la région a été occupée de façon pratiquement
continue, même s’il y a eu quelques périodes importantes de
déclin.
II.3.3 Le paysage : une région, trois zones
géographiquement différentes
Le caractère le plus marquant du Sud de la Syrie est sa nature
géologique, puisqu’elle correspond à une région entièrement
volcanique qui s’étend de la vallée du Jourdain à la frontière
irakienne. Elle présente cependant des paysages variés et trois
zones géographiquement très différentes, mais avant tout rurales.
À l’Ouest et au Sud, une haute plaine fertile — Batanée et Nuqrah
— comptant une centaine de villages. Leur répartition dans
l’antiquité correspondait grosso modo à celle d’aujourd’hui,
puisqu’elle est largement tributaire des possibilités
d’approvisionnement en eau qui conditionnent une certaine
permanence des lieux d’habitat ; il faut y ajouter les facilités liées
à la réutilisation des bâtiments anciens, ne serait-ce qu’en guise
de carrières. À quelques exceptions près, ces villages ne
fournissent pas de donnée antérieure au IIe siècle après J.-C. ; ils
sont souvent de petites dimensions mais constitués de grandes
maisons, remarquables par leur décor sculpté. Il est d‘ailleurs
RéPUBLIQUE ARABE SYRIENNE
probable que les trois quarts nord de la Batanée aient
correspondu à un domaine impérial, dont Sanamein-Aere aurait
été le centre et le lieu de résidence d’un administrateur dès avant
le IIIe siècle.
À l’est et au nord de ces hautes plaines s’étend le plateau
volcanique du Léja, qui correspond à une coulée de lave
holocène non décomposée, sauf dans quelques cuvettes
devenues praticables pour l’agriculture. Partout ailleurs, la région
est un désert de pierre. Pourtant, de nombreux villages s’y sont
implantés, que l’on peut répartir en deux groupes : ceux situés sur
le pourtour du plateau, au contact de la croûte basaltique et des
terres cultivables de la plaine, et ceux qui, au contraire, se sont
installés sur le plateau lui-même, à proximité des petites cuvettes
de terre fertile. L’épigraphie montre que ces deux groupes de
villages sont contemporains et qu’ils se sont développés
parallèlement, depuis avant l’entrée de la région dans la province
Ph. 187 Mise en culture du Léja — M. Balty, 2007
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