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Actes - Climato.be

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Les risques liés au temps et au climat<br />

2. Le rôle exagéré de la température de l’océan ?<br />

Palmen (1948) fut le premier à donner la valeur de 26°C comme température minimale de<br />

surface de l’océan favorable au développement et au maintien des cyclones tropicaux à partir<br />

d’études réalisées dans l’Atlantique Nord tropical. Cette valeur de 26°C est nécessaire pour<br />

qu’une particule d’air élevée adiabatiquement à partir du niveau de la mer ait une température<br />

supérieure à celle de l’air ambiant du niveau 300 hPa (9 500 mètres environ). Cette condition<br />

est indispensable à l’existence du flux vertical ascendant au cours duquel la chaleur latente est<br />

libérée par la condensation de la vapeur d’eau. L’instabilité conditionnelle est d’autant plus<br />

grande dans l’atmosphère que les températures de la mer sont élevées. Toute la vapeur d’eau<br />

condensée dans un cyclone tropical provient de l’océan et passe dans l’atmosphère au<br />

moment de l’évaporation. Certes, la température de l’océan est importante mais plusieurs<br />

études ont montré que ce n’était pas le facteur qui détermine le plus fréquemment l’intensité<br />

des cyclones tropicaux (Evans, 1987). Travaillant sur l’Atlantique Nord, DeMaria et Kaplan<br />

(1994) ont trouvé que seulement 20 % des ouragans atteignaient 80 % ou plus de leur<br />

intensité maximale potentielle définie par l’énergie disponible dans un espace océanique<br />

donné. Pour le Pacifique Nord-Ouest, Baik et Paek (1998) avance un chiffre de 37 %. Cela<br />

signifie manifestement que les facteurs tels que le fort cisaillement vertical du vent entre la<br />

basse et la haute troposphère, l’intrusion d’air sec ou la faiblesse de la divergence dans la<br />

troposphère supérieure exercent une grande influence pour limiter l’intensification des<br />

cyclones (Merril, 1988). Dans ces conditions, il aurait été surprenant qu’une faible hausse de<br />

0.3°C de la température de la mer entre 1975 et 2004 provoque un quasi doublement du<br />

nombre de cyclones de catégorie 4 et 5 comme l’affirment Webster et al. (2005). D’autant que<br />

Hoyos et al. (2006) ne trouvent pas de variation significative du cisaillement vertical du vent<br />

sur la même période. Seule une importante baisse du cisaillement aurait pu expliquer les<br />

conclusions des chercheurs américains si les bases de données cycloniques étaient fiables.<br />

Utilisant des modèles numériques, Emanuel (1987) ou plus récemment Knutson et Tuleya<br />

(2004) suggèrent un accroissement de 5% de la vitesse du vent soutenu des cyclones lorsque<br />

la température de la mer augmente de 1°C. Il serait aussi intéressant de s’interroger sur<br />

l’évolution des principaux facteurs déterminant l’intensité des cyclones avec le réchauffement<br />

en cours.<br />

3. Vers une hausse du nombre de cyclones intenses dans les prochaines<br />

décennies ?<br />

Knutson et Tuleya (2004) considèrent qu’avec une hypothèse réaliste d’augmentation de 1 %<br />

par an du gaz carbonique, la température de la mer pourrait prendre entre 1°C et 2°C d’ici<br />

2080. Le réchauffement des océans donnerait davantage d’énergie aux cyclones dont le<br />

domaine géographique pourrait s’étendre à des zones qui n’étaient pas concernées, comme l’a<br />

fait Vince dans le sud-ouest de l’Europe.<br />

Le second paramètre à évoquer est le cisaillement vertical du vent qui est tributaire en grande<br />

partie de la vitesse du vent en haute troposphère. Aucune étude n’a prévu l’évolution de ce<br />

facteur primordial dans le processus d’intensification des cyclones. Mais un relâchement du<br />

cisaillement, comme celui constaté dans les cycles actifs de l’Atlantique Nord (Landsea,<br />

2005), faciliterait la multiplication des phénomènes puissants qui pourraient alors profiter<br />

pleinement d’un océan plus chaud qu’actuellement.<br />

Un autre facteur important est la température de la troposphère supérieure et de la basse<br />

stratosphère. Avec l’effet de serre, la basse troposphère se réchauffe alors qu’un<br />

refroidissement de 0.5°C à 1°C a déjà été mesuré dans la basse stratosphère entre 1975 et<br />

2000 (communication personnelle de Chris Landsea, chercheur de la Noaa). Avec des nuages<br />

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