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Actes - Climato.be

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XIX e Colloque de l’Association Internationale de <strong>Climato</strong>logie<br />

Languedoc-Roussillon. Dans le seul département du Gard, après les crues de 2002, 2909<br />

dossiers en perte de fonds et 2319 en perte de récolte ont été collectés 2 . On peut considérer<br />

que globalement plus du tiers des 8955 exploitations du département 3 ont été touchées.<br />

3. Peut-on réduire les dommages par une maîtrise de l’occupation du sol ?<br />

3.1. La réoccupation des espaces inondés : l’exemple de la vallée de la Berre (Aude)<br />

Une analyse de la réoccupation des espaces viticoles dans la vallée de la Berre (Aude) menée à<br />

partir de photographies aériennes et de relevés de terrain a montré que 80 % des espaces<br />

viticoles détruits lors des crues de novembre 1999 ont été replantés. Or, parmi ces vignobles,<br />

20 % ont été de nouveau gravement endommagés par les crues des 14 et 15 novembre 2005. Si<br />

les crues de 1999 ont pu être perçues comme « exceptionnelles » (période de retour de 70 à<br />

100 ans), celles de novembre 2005 n’ont qu’une période de retour vicennale voire décennale 4 .<br />

Se pose donc la question de la replantation de vignes dans des espaces à risques, espaces<br />

indûment conquis sur les lits moyens de cours d’eau qui avaient connus un relatif « repos<br />

hydrologique » 5 entre les années 1960 et 1990 (Vinet et al., 2001) et celle de l’utilisation<br />

d’argent public ou de fonds de la solidarité professionnelle alors que par ailleurs la filière est<br />

en surproduction chronique. L’éthique préventive voudrait que l’on profitât des crues pour ne<br />

pas replanter dans les espaces les plus exposés. Mais, le contexte local ne favorise pas une<br />

reconstruction préventive c'est-à-dire une prise en compte des risques dans l’occupation du sol.<br />

3.2. Le poids de la viticulture : stratégies individuelles et intérêt collectif<br />

Les facteurs qui empêchent la prise en compte des risques naturels et en particulier<br />

l’inondation dans l’aménagement des espaces agricoles sont nombreux.<br />

Le poids politique et économique de l’agriculture et en particulier de la viticulture est très fort<br />

dans les départements du Midi méditerranéen en particulier l’Aude où l’économie repose<br />

fortement sur l’agriculture et où la vigne est en quasi monoculture dans l’est du département.<br />

En 2000 (source RGA), 77 % des exploitations de l’Aude étaient viticoles dont 93 % en<br />

monoculture. Cette dépendance est moins forte dans le Gard où la monoculture viticole<br />

concerne moins de la moitié des exploitations. La profession agricole trouve de nombreux<br />

relais auprès des élus. Tout sujet touchant à la vigne est politiquement sensible.<br />

Le second facteur est économique. On pourrait penser qu’une période de surproduction<br />

vinicole – c’est le cas depuis plusieurs années en Languedoc – soit favorable à l’abandon de<br />

terres exposées aux risques. Or, il n’en est rien. Les périodes de crise encouragent les<br />

stratégies individuelles. Devant la baisse des cours du vin, les viticulteurs cherchent à<br />

augmenter leur production pour maintenir leurs revenus. La prévention contre les inondations<br />

se fait alors par des mesures de protection structurelles aux effets pervers. Les riverains<br />

construisent des digues en bordure de lit mineur. Ces digues, mal construites, ont des effets<br />

parfois désastreux en cas de crue. En effet, le matériel non consolidé est mobilisé par la<br />

rivière et étalé sur les parcelles cultivées. Il arme en quelque sorte la rivière et renforce son<br />

pouvoir destructeur en cas de débordement. Le manque de vision collective et partagée de la<br />

prévention des crues dans les bassins versants est un frein. Une action préventive efficace ne<br />

vaut que si elle est concertée et préparée. Elle implique au préalable, une réflexion sur les<br />

moyens de réduire les dommages en cas de catastrophe naturelle et un diagnostic partagé par<br />

les différents acteurs : profession agricole, syndicat de bassin versant, services de l’Etat…<br />

2 La plupart des exploitations déposent deux dossiers.<br />

3 Source : RGA 2000<br />

4 L’absence de mesures hydrométriques fiables sur la longue durée ne permet pas de donner des chiffres précis.<br />

5 L’absence de forte crue sur le pourtour méditerranéen pendant cette période est jusqu’à preuve du contraire totalement<br />

fortuite.<br />

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