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Actes - Climato.be

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Les risques liés au temps et au climat<br />

des géographes-climatologues (Université de Paris 7 1 et CNRS Grenoble 1 2 ), en collaboration<br />

avec le CIVC (Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne), Météo-France et Mumm-<br />

Perrier Jouët – Vignobles et Recherche. Ces recherches se sont appuyées sur des campagnes de<br />

mesures sur le terrain (Beltrando et al., 1992 ; Bridier, 2001 ; Sarmir, 1995), mais aussi sur un<br />

réseau relativement dense de stations automatiques installé à partir du milieu des années 1990<br />

(Beltrando, 1998 ; Madelin, 2004). Ce réseau a été l’une des manifestations de la démarche de<br />

zonage du vignoble mise en place par le CIVC en 1991, dont l’objectif affiché est d’observer les<br />

variations du vignoble champenois (sol, climat, etc.) et de recenser des unités-type afin d’aider<br />

les vignerons dans leurs pratiques (conduite agronomique, protection phytosanitaire, entretien<br />

des sols, etc.). Au total, 37 stations sont situées installées sur les coteaux viticoles ou à<br />

proximité, soit une station pour moins de 1 000 ha.<br />

L’objet de cet article est de dresser un panorama des recherches réalisées sur le phénomène<br />

des gelées printanières dans le vignoble champenois. Même si les aspects agronomiques ont<br />

toute leur importance quant à l’étude de ce phénomène, nous développerons ici plus<br />

spécifiquement les travaux des climatologues. Ces derniers portent principalement sur une<br />

meilleure connaissance et quantification des variations des températures minimales dans le<br />

temps et dans l’espace, sur la compréhension des facteurs influençant cette variabilité et enfin<br />

sur la modélisation spatiale de la répartition de l’aléa gélif dans une approche prévisionnelle.<br />

1. Variabilités spatiale et temporelle de l’aléa gélif<br />

Avant d’affiner la compréhension et la prévision des épisodes gélifs dans le vignoble<br />

champenois, une première étape consistait à décrire leurs modalités dans le temps et dans<br />

l’espace.<br />

En 1988, V. Vazart a réalisé une étude historique des gelées de printemps dans le vignoble<br />

champenois, sur la période 1875-1986, et a estimé leurs conséquences sur la production de<br />

raisin (volume de récolte). Retenons que 88 % des années étudiées ont eu des températures<br />

printanières négatives (gel météorologique) et les trois quarts avec des dommages pour la<br />

vigne. Une autre enquête, réalisée en 1991 par les services techniques du CIVC, a répertorié<br />

les grandes années de gel depuis 1951 et montre également que, en moyenne, une fois par an,<br />

une gelée provoque des dégâts importants sur les vignes. Entre 1928 et 1990, une moyenne<br />

des surfaces détruites a été estimée à 800 ha par an (52 200 ha en 63 ans ; AVC, 1991). Au<br />

niveau des rendements, O. Brun et P. Cellier (1993) évaluent les pertes moyennes liées aux<br />

gelées printanières à 1 697 kg/ha par année de gel, soit 595 kg/ha par an. Compte tenu de la<br />

forte valeur ajoutée du vin de Champagne, G. Vesselle (1993) précise que cela représente<br />

environ 64 millions d’euros de perte annuelle en moyenne, sans compter les effets indirects.<br />

La période à risque commence début avril, au moment de la reprise de la croissance<br />

végétative, et se termine généralement avec le mois de mai. Cependant, s’il y a gel en mai, les<br />

dommages sont bien plus importants. La Figure 1 représente l’évolution des températures<br />

minimales sous abri pour le vignoble marnais (moyennes sur 23 stations) au cours du<br />

printemps. De mi-mars à fin mai, les températures minimales augmentent de manière<br />

importante, d’environ 7°. Cependant, de façon contre-intuitive, les minima de ces<br />

températures minimales n’ont pas lieu fin mars, mais lors de la deuxième semaine d’avril,<br />

juste après des températures sensiblement plus chaudes. Cette diminution des températures<br />

minimales en avril s’observe assez souvent en Europe de l’Ouest et apparaît également sur les<br />

calendriers de probabilités de plusieurs stations marnaises réalisés par M.-F. de Saintignon<br />

(1998-1999). Elle serait liée à des conditions plutôt anticycloniques avec un fond de l’air frais<br />

1<br />

Citons G. Beltrando, S. Bridier, M. Lecompte, M. Madelin, Ph. Misrahi, H. Quenol et I. Sarmir.<br />

2<br />

Citons M.-F. de Saintignon.<br />

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