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Actes - Climato.be

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Les risques liés au temps et au climat<br />

exemple, une étude statistique réalisée à partir des données météorologiques du réseau<br />

(Madelin, 2004) a mis en évidence que 65% des nuits de gel 3 correspondaient à un ciel clair 4 .<br />

De plus, ces nuits de gel connaissent des vents relativement faibles : 63% avec des vitesses<br />

moyennes nocturnes inférieures à 2 m/s. S’il s’avère que les conditions atmosphériques de<br />

ciel clair et de vent calme expliquent statistiquement l’occurrence de températures négatives,<br />

le lien avec l’intensité des gelées est <strong>be</strong>aucoup plus difficile à mettre en évidence (Sarmir,<br />

1995 ; Madelin, 2004), notamment parce que les fortes gelées sont plus imputables à des<br />

refroidissements advectifs (d’origine nord à est).<br />

Le rôle de la topographie sur la variabilité spatiale des températures minimales a également<br />

été mis en évidence en particulier par des mesures sur le terrain (Beltrando et al., 1992 ;<br />

Bridier, 2001 ; Sarmir, 1995), mais aussi, dans une moindre mesure, par le réseau de stations<br />

automatiques. Déjà, en 1956, Geslin montrait le phénomène d’inversion thermique et<br />

l’accumulation de l’air froid en bas de coteau lors de nuits de gel, à partir de mesures des<br />

indices actinothermiques 5 . Lors de ces nuits de ciel clair et de vent calme, l’air à proximité du<br />

sol se refroidit fortement par convection. Il devient alors plus dense et s’affaisse par<br />

subsidence. Si le terrain n’est pas plat, cet air froid tend à s’écouler, par gravité, vers des<br />

parties plus basses (vallées, bas de coteaux), où cette arrivée froide s’ajoute au<br />

refroidissement radiatif. Cette brise thermique s’établit dès la tombée de la nuit et s’écoule par<br />

saccades en fonction des frictions locales. En Champagne, en raison du relief peu accidenté, la<br />

vitesse de ces écoulements a été mesurée entre 0.5 et 2.5 m/s par des capteurs situés à 1-2 m<br />

du sol (Beltrando, 1997). L’air froid accumulé en bas de coteau ou en fond de vallée forme un<br />

lac d’air froid, dont le plan est légèrement incliné dans le sens de la pente. Cette accumulation<br />

d’air froid se produit également en amont de chaque obstacle à l’écoulement catabatique<br />

(replat, haie dense, route surélevée, remblai TGV 6 ). Dès le lever du soleil, la brise de pente<br />

change de direction et remonte la pente : c’est la renverse. Sous des conditions<br />

atmosphériques stables, il existe donc un système cyclique journalier de brises thermiques,<br />

descendantes et ascendantes. Celui-ci a été observé sur le terrain lors des conditions<br />

anticycloniques (Bridier, 2001), mais aussi pour la plupart des stations (en ne prenant que les<br />

vents de vitesse comprise entre 1 et 2 m/s) (Madelin, 2004).<br />

Par ailleurs, des études sur les relations entre le vent synoptique, les brises de pente et la<br />

topographie ont été réalisées à partir de plusieurs campagnes de mesures (Beltrando et al.,<br />

1992 ; Bridier et al., 1995). Lorsque les vents régionaux sont puissants, ils « effacent » les<br />

vents catabatiques (dispersion de l’air froid). Par contre, par vent faible ou modéré, les masses<br />

d’air froid qui glissent à la surface des coteaux sont bloquées quand le versant est quasi<br />

parallèle au flux ou évacuées vers la plaine ou la vallée de la Marne quand le vent est oblique<br />

par rapport au flux. De plus, le vent opposé à la pente entraîne une remontée du lac d’air froid,<br />

ce qui peut provoquer des dégâts gélifs (Beltrando et al., 1995). Ce phénomène d’interactions<br />

entre le vent synoptique, les brises de pente et la topographie, observé in situ, apparaît<br />

également dans les sorties de la simulation de l’atmosphère faite par le modèle Meso NH<br />

(16-17/03/2003) (Madelin, 2004). Par exemple, sur la Figure 2 représentant la Montagne de<br />

Reims, au nord-est, les brises de pente rencontrent le flux général d’origine nord-est en bas de<br />

coteau, ce qui bloque l’écoulement de l’air froid. Par contre, à l’est, le champ de vent simulé<br />

ne montre qu’un vent de nord assez fort, qui semble gommer l’accumulation à cet endroit.<br />

3 Sur un échantillon de 46 dates avec au moins une température minimale inférieure à -2°C.<br />

4 Au moins trois des observations de la nuit à Reims-Courcy inférieures à 2 octats.<br />

5<br />

. Les indices actinothermiques sont mesurés par des capteurs situés à quelques dizaines de centimètres du sol et à l’air libre.<br />

6<br />

. La construction de la future Ligne à Grande Vitesse du TGV Est européen, qui traversera le vignoble AOC de Champagne<br />

en contrebas des coteaux de la Montagne de Reims, a suscité des travaux d’évaluation de son influence et de son impact sur<br />

les températures minimales : Bridier et al., 1995 ; Bridier et al., 2004.<br />

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