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Annibal

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Tite-Live a utilisé quelques historiens latins. Wölfflin a groupé quelques<br />

fragments de Cælius, qui nous sont parvenus, et il en a retrouvé la copie assez<br />

fidèle dans Tite-Live, ce qui paraît établir que ce dernier a employé Caelius.<br />

Posner, dans une thèse très originale, compare les textes de Polybe et de Tite-<br />

Live avec celui de Dion, et surtout avec les fragments de ce dernier que nous a<br />

conservés Zonaras. Il combat l'opinion, émise par Carl Peter en 1863 dans son<br />

Livius und Polybius, que Dion a copié Tite-Live comme celui-ci avait copié Polybe.<br />

Posner trouve que les textes de Polybe et de Zonaras se ressemblent plus entre<br />

eux qu'ils ne ressemblent l'un ou l'autre à Tite-Live. Ils ont parfois des parties<br />

communes que l’on ne retrouve pas chez l'historien latin. D'autre part, Peter<br />

avait constaté que Zonaras et Tite-Live ont aussi des parties communes, qui font<br />

défaut chez Polybe, Celles-ci sont généralement, remarque-t-il, des anecdotes ou<br />

des fables un peu niaises, concernant les faits survenus dans le camp<br />

carthaginois. Il est facile de voir combien ces diverses observations nous<br />

éclairent sur les originaux de Polybe et de Tite-Live ; elles nous donnent à penser<br />

qu'un auteur unique a servi de modèle à Polybe, à Tite-Live et à Dion ; que les<br />

deux historiens grecs l’ont suivi de plus près que le romain, lequel pourrait bien<br />

ne l’a voir connu que par un intermédiaire ; d'autre part, cet original devait<br />

contenir ces fables, ces racontars que Polybe a rejetés comme indignes de<br />

l’histoire pragmatique, et que Dion, comme Tite-Live, a soigneusement<br />

reproduits. Voilà qui semble nous ramener bien directement à Silenos, à ce<br />

Silenos, dont Polybe méprisait les anecdotes fabuleuses, et à qui Tite-Live,<br />

comme Cicéron, empruntait le songe d’<strong>Annibal</strong> ; à ce Silenos que l’historien latin<br />

a dû connaître par la traduction infidèle de Cælius, tandis que Polybe et Dion<br />

préféraient le lire dans l'original. Mais voici bien mieux : ce même songe<br />

d'<strong>Annibal</strong>, que Cicéron a pris dans Silenos, il est encore dans Zonaras (VIII, 22)<br />

venant de Dion1.<br />

Keller émet une théorie absolument distincte des précédentes : d'après lui,<br />

l’auteur commun à Polybe et Tite-Live ne serait pas un grec, compagnon<br />

d'<strong>Annibal</strong>, mais un latin, et il croit le découvrir en Lucius Calpurnius Pison, tribun<br />

en 149, consul en 133, et qui écrivit vers 146, Tite-Live le cite dans son XXVIe<br />

livre, mais ce Pison, qui peut avoir servi d'auteur principal pour les affaires<br />

d'Italie, n'a rien à voir avec la marche de l’armée carthaginoise en Gaule, telle<br />

que nous la trouvons dans Polybe ; il lui aurait donc fallu un modèle, s'il avait<br />

traité cette partie, et nous serions encore ramené à Silenos. D'ailleurs, les dates<br />

ne permettent guère de supposer que Polybe a travaillé d'après Pison, puisqu'il<br />

est allé en Gaule avant l'an 151 pour contrôler de visu les dires des<br />

chroniqueurs. D'autre part, que Tite-Live ait connu le texte de Silenos par Caelius<br />

ou par Pison, il importe peu, et on ne saurait le démontrer formellement.<br />

Dans le compte rendu qu'il fait de l’ouvrage de Bötticher, Schaefer (Historische<br />

Zeitschrift de Sybel, t. XXIII, p. 436) en adopte les principales conclusions ; il<br />

n'admet pas, cependant, que Tite-Live ait employé Cælius à l'exclusion de tout<br />

autre, et il cite certains passages où l'avis de cet historien est rejeté, d'autres où<br />

Valerius Antias, par exemple, est cité.<br />

Hirschfeld est d'avis que Tite-Live n'a pas connu le texte de Polybe, mais qu'il a<br />

lu un ouvrage de Brutus, écrit d'après Polybe. Il invoque à l’appui de son opinion<br />

une phrase de Plutarque (Vie de Brutus, ch. IV). Mais Plutarque dit seulement que<br />

Brutus, la veille de Pharsale, prenait des notes dans Polybe. Ces notes de Brutus<br />

1 POSNER, passim, et notamment p. 2, 8, 22.

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