Annibal
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Marseille, ou de Marseille à Orléans et à Nantes. De la monnaie arverne dérivent<br />
plusieurs groupes, se rattachant plus ou moins au statère macédonien. Le<br />
principal est le groupe armoricain, qui embrasse tout le bassin moyen de la Loire<br />
avec la rive gauche de la Seine. Il a donné naissance, sur le littoral de la Manche,<br />
à un système secondaire, qui a passé de là sur la côte orientale de la Bretagne,<br />
pour faire retour ensuite à la Gaule du Nord1, etc.<br />
Les Allobroges, de leur côté, bien avant l'occupation romaine, avaient leur<br />
monnaie. Les numismates reconnaissent à ceux de la Savoie et des rives du<br />
Léman un denier d'argent dont l'avers présente une tête casquée et le revers un<br />
hippocampe ou cheval marin ; ils attribuent aux Allobroges du Dauphiné un autre<br />
type du denier d'argent, offrant sur l'une des faces la tête d'Apollon, et au revers<br />
un cheval ou un chamois, tenant entre ses pattes une tige garnie de ses baies....<br />
D'autres pièces d'argent ont été trouvées un peu partout dans le Dauphiné,<br />
portant en lettres grecques la légende ΑΛΒΡΟ∆ΗΟ̣ (Albrodnos).... Quelques-unes<br />
de ces pièces, particulièrement remarquables, représentent sur l'une des faces<br />
une tête nue, imberbe, le cou entouré d'un collier, portant en lettres latines le<br />
mot NIDE ; sur l'autre face un cheval galopant, une étoile au-devant du poitrail,<br />
et la légende grecque à rebours ΑΛΒΡΟ∆ΗΟ̣2.<br />
Ce qui achève de prouver que la richesse foncière existait déjà en Gaule, et ce<br />
qui témoigne définitivement de l'état sédentaire des populations, c'est ce que<br />
nous savons des impôts.<br />
Les Gaulois avaient un impôt direct (tributum), dont le poids se faisait sentir<br />
particulièrement à la plèbe. Ils avaient aussi des impôts indirects, que César<br />
appelle portoria et vectigalia. Les portoria sont les droits sur les navires entrés<br />
dans les ports. Les peuplades alpestres, quand elles ne détroussaient pas les<br />
marchands qui traversaient leurs montagnes, les soumettaient à des taxes très<br />
lourdes. Le mot vectigal a un sens plus étendu : il se dit des impôts indirects en<br />
général et plus particulièrement de la redevance pour l'exploitation des terres<br />
publiques3.<br />
Il résulte de tout ceci que les habitants de la Gaule, avant la conquête romaine,<br />
et sans doute depuis des siècles, tout en entretenant une aristocratie guerrière,<br />
une féodalité turbulente comme celle qui reparut plus tard aux mêmes lieux,<br />
vivaient d'une existence laborieuse, sédentaire, et que l'agriculture, le<br />
commerce, l'industrie, les voies de communication par conséquent, y avaient<br />
acquis un très grand développement.<br />
Des voies de commerce très anciennes s'avancèrent de la Méditerranée au Rhin ;<br />
Hérodote (III, 115) en a connaissance, et malgré les mythes dont elles<br />
s'enveloppent, elles traversent de quelques traits de clarté l'obscurité de l'Europe<br />
primitive. Enfin le Rhône, continué par la Saône, ouvre en droite ligne une voie<br />
fluviale de plus de 700 kilomètres, dirigée vers le Nord. Cette avenue conduit à<br />
d'autres : la Loire à Roanne n'est séparée du Rhône que de 70 kilomètres ; on<br />
gagne aisément la Seine par les rampes calcaires de Bourgogne, et l’on arrive<br />
par la vallée du Doubs à l'un des carrefours de l'Europe.... Mais il fallait qu'on<br />
intérêt considérable et permanent appelât le commerce vers ces routes qui<br />
s'ouvraient. Seul l'attrait d'un de ces minéraux dont l'usage est indispensable à<br />
1 BLOCH, loc. cit.<br />
2 Ch. LENTHÉRIC, Le Rhône, II, 17.<br />
3 BLOCH, loc. cit., p. 67.