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Annibal

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César, Plancus, Strabon, Pline, etc., ne nous permettent pas de supposer que ce<br />

nom ait été généralisé. Nous voyons dans Polybe la distinction très nette entre<br />

les barbares appelés Allobroges et les autres, et elle s'accorde parfaitement avec<br />

le point de passage du Rhône que nous avons déterminé, ainsi qu'avec les<br />

distances données par le même Polybe, si l'on identifie l’île avec la plaine de<br />

Vaucluse, et l'entrée en montagne avec le bec de l'Échaillon.<br />

Mais, laissant de côté ces questions de distances, il est facile de voir que le pays<br />

compris entre le Rhône et l'Isère ne pouvait avoir aucune analogie avec l'Île de<br />

Polybe et de Tite-Live.<br />

L'Île, d'après Polybe, a une forme triangulaire ; deux côtés du triangle sont<br />

tracés par le Rhône et le Scaras ; le troisième, par des montagnes en apparence<br />

inaccessibles. L'Île elle-même est une plaine, comparable au delta du Nil, riche,<br />

peuplée, fertile en blé.<br />

La région comprise entre le Rhône et l'Isère, si on la limite à Lyon et à Voiron,<br />

est bien triangulaire ; mais où se trouve la chaîne de montagnes inaccessibles<br />

qui forme le troisième côté du triangle ? Si on prend celle-ci dans les montagnes<br />

de la Grande-Chartreuse (auxquelles on accède d'ailleurs insensiblement par l’Ouest),<br />

il n'y a plus de triangle, mais un polygone de forme innommable compris entre<br />

Valence, Lyon, Yenne, Culoz, Chambéry, Montmélian, Grenoble et Voiron1. Est-ce<br />

là ce triangle, si bien vu par Polybe, dont deux cours d'eau forment deux côtés,<br />

et les montagnes le troisième ? Qui donc aurait pu donner à Polybe des notions<br />

de géographie assez étendues pour lui permettre de se figurer le contour de<br />

cette région ?<br />

Il est vrai que, selon quelques-uns, le Rhône aurait eu un bras passant par<br />

Chambéry, Montmélian et Grenoble, pendant que l'autre allait à Lyon. Mais ceci<br />

n'est plus de la géographie ; c'est du rêve.<br />

Quoi qu'il en soit du contour de cette prétendue Île des Allobroges, ce qu'il y a de<br />

plus contraire à la description de Polybe, c'est le sol. Nous cherchons une plaine<br />

marécageuse et extrêmement fertile : nous trouvons des plateaux caillouteux et<br />

pauvres, où l'industrie moderne a seule appelé une population nombreuse, et où<br />

l'on récolte des noix, des châtaignes et du seigle.<br />

E. Reclus (p. 341) parle des plaines caillouteuses qui s'élèvent de degré en degré<br />

vers la base des monts depuis les environs de Vienne. M. Vidal de la Blache en<br />

donne le tableau peu enchanteur que voici :<br />

En avant du débouché des rivières alpines dans la vallée du Rhône, entre ce<br />

fleuve et l'Isère, un énorme plateau de débris s'élève, haut en moyenne de 400 à<br />

500 mètres, dominant par un brusque ressaut le niveau de l’Isère au coude de<br />

Voreppe. C'est une masse de poudingues, encore en voie de décomposition, qui<br />

résulte d'une phase antérieure de destruction des Alpes. La décomposition a<br />

engendré une sorte de glaise qui couvre en nappe ces plateaux. Ce limon<br />

imperméable et décalcifié, çà et là recouvert de terrains de transport, en a fait<br />

1 LARAUZA, p. 27 :<br />

Ce canton, où sera-t-il si on ne le voit pas dans cette presqu'île comprise entre l’Isère au<br />

Sud et au Sud-Est, et le Rhône à l'Ouest et au Nord, présentant une espèce de triangle<br />

ou de delta dont le sommet est au confluent de ces deux fleuves, et dont la base est<br />

formée par cette longue chaîne de montagnes escarpées qui, sur une ligne d'environ<br />

30.000 toises, s'étendent du Sud au Nord depuis Grenoble, où coule l’Isère, jusqu'à<br />

Yenne sur le Rhône ?

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