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Annibal

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était encore loin, à cause des difficultés du terrain et de la puissance des<br />

peuples.<br />

Or, <strong>Annibal</strong>, si extraordinaire que ce fût, ayant acheté les uns et battu les autres,<br />

arrivait avec son armée, tenant la mer Sardonienne à sa droite, vers le passage<br />

du Rhône.<br />

Publius, informé du voisinage de l'ennemi, et ne pouvant croire à une arrivée<br />

aussi prompte, mais voulant avoir une certitude, laissait ses troupes se reposer<br />

de leur traversée et délibérait avec ses chiliarques sur le parti à tirer du terrain<br />

et sur la manière d'attaquer l'ennemi. Il envoya 300 de ses cavaliers les plus<br />

courageux en reconnaissance, leur adjoignant comme guides et comme<br />

auxiliaires des Celtes qui étaient à la solde des Massaliotes.<br />

42. — <strong>Annibal</strong>, arrivé sur les bords du fleuve, entreprenait aussitôt d'opérer son<br />

passage, le fleuve n'ayant là qu'un seul bras ; il y avait environ quatre jours de<br />

marche pour aller de son camp à la mer.<br />

S'étant concilié par tous les moyens les populations riveraines, il leur acheta tout<br />

ce qu'elles avaient de nacelles d'une seule pièce et de grands bateaux ; il y avait<br />

un nombre suffisant de ceux-ci parce qu'on en employait beaucoup pour le<br />

commerce des riverains du Rhône avec la mer. Il se procura aussi des bois<br />

propres à la construction des nacelles, et en deux jours il se trouva là une<br />

quantité innombrable de moyens de passage, chacun s'arrangeant pour n'avoir<br />

pas recours au voisin et ne compter que sur soi pour son passage.<br />

Pendant ce temps-là, une foule de barbares se rassembla sur l'autre rive pour<br />

s'opposer au passage des Carthaginois. <strong>Annibal</strong> les observe et juge, d'après ce<br />

qu'il avait sous les yeux, qu'il serait impossible de passer de vive force en<br />

présence de tant d'ennemis, ni de s'arrêter sans risquer d'en avoir d'autres sur<br />

les bras, de tous les côtés. La troisième nuit arrivant, il détache une partie de ses<br />

troupes, avec des guides indigènes, sous les ordres d'Annon, fils du roi Bomilcar.<br />

Ce détachement remonta le fleuve pendant 200 stades (35 km.) et, arrivé à un<br />

endroit où le fleuve se divise autour d'un terrain qui forme ainsi une lie, s'y<br />

arrêta. Avec des bois pris dans les forêts voisines, tantôt l's assemblant, tantôt<br />

les liant, ils firent en peu de temps beaucoup de radeaux, qui suffisaient à leurs<br />

besoins, et sur lesquels ils passèrent aisément, puisque personne ne s'y<br />

opposait. S'étant établis dans une forte position, ils y restèrent tout le jour, se<br />

reposèrent des fatigues précédentes, et se préparèrent en même temps à remplir<br />

leur mission conformément aux ordres. <strong>Annibal</strong> en faisait autant de son côté<br />

avec le reste de ses troupes. Ce qui le gênait le plus, c'était le passage des<br />

éléphants, car il y en avait 37.<br />

43. — Après la cinquième nuit, à l'aube, le détachement qui était déjà passé sur<br />

l'autre rive s'avançait le long du fleuve vers les barbares postés en face d'<strong>Annibal</strong><br />

; celui-ci, dont les soldats étaient prêts, s'occupait de son passage et faisait<br />

embarquer sa cavalerie cuirassée sur les bateaux, son infanterie la plus légère<br />

sur les nacelles. Les gros bateaux avaient leur place en amont, contre le courant,<br />

et au-dessous d'eux les nacelles plus frêles, afin que les bateaux, en brisant la<br />

première force du courant, pussent faciliter la traversée des nacelles. On avait eu<br />

l'idée de traîner les chevaux à la nage derrière la poupe des bateaux, trois ou<br />

quatre d'entre eux étant conduits à la fois, au moyen de leurs longes, par un<br />

homme de chaque côté du bateau. Un assez grand nombre de chevaux se<br />

trouveraient ainsi transportés sur l'autre rive dès le premier voyage.

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