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Annibal

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Ce sont là des éléments qu'il ne faut pas perdre de vue quand on veut se figurer<br />

ce qu'était la marche d'<strong>Annibal</strong> dans les Alpes, et la manière dont les Gaulois<br />

pouvaient l'attaquer.<br />

On a proposé une infinité de défilés où des embuscades ont pu être tendues, diton,<br />

par les Gaulois à <strong>Annibal</strong>, et l'on croit volontiers qu'on en trouverait un peu<br />

partout. Oui, si l'on se contente du moindre rocher, du défilé le plus court où une<br />

poignée de brigands arrêterait une diligence ; et ce sont en effet des<br />

embuscades de cette dimension que l'on a imaginées pour l’histoire d'<strong>Annibal</strong>.<br />

Nous sommes loin de compte !<br />

Les défilés où les barbares ont pu assaillir avec avantage une colonne de 50.000<br />

hommes, et lui faire subir des perles énormes, devaient contenir une grande<br />

partie de cette colonne, le tiers ou le quart au moins. Un petit défilé de 500, de<br />

1.000 mètres, n'aurait pas donné ce résultat : un combat d'avant-garde l'aurait<br />

bien vite emporté ! <strong>Annibal</strong> aurait perdu une heure, mais il n'aurait pas perdu<br />

10.000 hommes.<br />

Nous trouvons entre Grenoble et le bec de l'Échaillon le défilé de 40 à 15<br />

kilomètres où l'embuscade pouvait être tendue de manière à infliger des pertes<br />

cruelles aux Carthaginois.<br />

Le bec de l'Échaillon est l’extrême pointe du massif du Vercors vers le Nord.<br />

L'Isère canalisée n'en longe le pied, aujourd'hui, que sur une longueur de 1500 à<br />

2.000 mètres ; mais le lit de cailloux et de sables où ses bras se répandaient<br />

s'étend jusqu'au pied des falaises qu'une partie de ses eaux baignait autrefois à<br />

partir de Sassenage. La longueur du défilé devait être supérieure à 8 kilomètres,<br />

d'après les traces qui en restent. Le chemin qui passait là devait être si<br />

dangereux, que le colonel Perrin n'admet même pas qu'<strong>Annibal</strong> y ait passé : Le<br />

pied des montagnes du Lans, complètement infranchissable, même de nos jours,<br />

était baigné par l'Isère ou bordé de marais. De Sassenage à Royon, il fallait<br />

franchir le bec de l’Échaillon, qui baignait dans le fleuve, et traverser une série<br />

de marais impraticables, qui régnaient jusqu'à Saint-Quentin. La route actuelle<br />

en déblais et en chaussée ne date que de 1842. Le bec de l’Échaillon était<br />

infranchissable, même à des piétons isolés, à cause de ses escarpements, et tous<br />

les contreforts sont coupés de ravins profonds, tellement ravinés et abrupts que<br />

la circulation y est interdite d'une façon continue. Ceux qui ont osé avancer ce<br />

fait n'avaient jamais parcouru ce pays (p. 45).<br />

Nous avons parcouru ce pays, et nous partageons entièrement l'avis du colonel<br />

Perrin sur les difficultés qu'il présentât ; mais pourquoi supposer qu'avant la<br />

route de 1842 aucun chemin ne passait là ? Quelles seraient les populations<br />

assez grossières pour négliger de s'assurer une communication rapide dans le<br />

fond d'une vallée au prix de quelques coups de pioche, plutôt que de se<br />

contenter de sentiers de montagne ?<br />

Il y eut toujours un chemin en corniche dans cette partie, et tous les mémoires<br />

en font foi : Les montagnes qui paraissent sur la rive gauche de l'Isère, nous dit<br />

l'ingénieur Montannel (XVIIIe siècle), sont fort élevées, fort roides et couronnées<br />

de plusieurs escarpements. Quoique ces montagnes se rapprochent beaucoup de<br />

l’Isère, depuis Sassenage jusqu'à l’embouchure de la Bourne, elles ont cependant<br />

à leur pied quelques villages dont les principaux sont ceux de Noyarey, de<br />

Veurey, de Saint-Quentin, de Saint-Gervais, de Beauvoir et de Saint-Romain, ce<br />

qui annonce qu'on peut suivre la rive gauche de l’Isère depuis Sassenage jusqu'à<br />

l'embouchure de la Bourne, mais par un chemin assez rude pour les chevaux, et

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