Annibal
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CHAPITRE III. — LE PASSAGE DU RHÔNE.<br />
I. — D'Emporion au Rhône.<br />
Partir de l’ancien Emporion, suivre la route qui conduit au Rhône, et marquer<br />
l'endroit où l'on a achevé de parcourir 1.600 stades, voilà une opération très<br />
simple si l'on connaît l'itinéraire ; elle se complique à peine s'il n'y a que deux on<br />
trois variantes bien définies, comme c'est le cas pour la traversée des Pyrénées ;<br />
mais on ne peut plus arriver à un résultat bien déterminé si l'on trouve une zone<br />
praticable un peu large où l'on pourrait tracer la roule à son gré. Qu'on choisisse<br />
alors le chemin jugé le plus vraisemblable, et l'on s'exposera aux pires<br />
inconvénients : les critiques auxquels la conclusion finale du travail déplaira nous<br />
accuseront d'avoir pris un tracé trop court ou trop long, sans examiner de<br />
combien nos chiffres pouvaient être augmentés ou diminués en mettant toutes<br />
choses à l'extrême. Pour établir malgré tout des conclusions positives, fournir<br />
des chiffres inattaquables, il nous faut fixer d'abord un minimum et un maximum<br />
entre lesquels la longueur de la route soit forcément comprise. Dans le cas<br />
présent, ces deux limites seront assez rapprochées pour déterminer encore avec<br />
quelque précision l'extrémité du parcours.<br />
Deluc et Larauza n'ont pas eu conscience des difficultés que nous signalons ; ils<br />
ont pris simplement, pour le chemin d'<strong>Annibal</strong>, le tracé de la Via Domitia, qui<br />
donne, comme nous le verrons, le minimum de tous les itinéraires possibles ;<br />
moyennant quelques erreurs, ils sont même descendus sensiblement au-dessous<br />
de ce minimum pour le trajet total d'Emporion au Rhône.<br />
Reprenons pour base de notre étude cette voie domitienne, tracée par longs<br />
segments rectilignes ; il est nécessaire de la connaître et de la mesurer le plus<br />
exactement possible pour discuter les conclusions de Deluc et de Larauza, les<br />
plus sérieux de nos prédécesseurs, pour fixer ce minimum qui sera notre<br />
garantie, et pour examiner comment la solution la plus probable peut s’en<br />
écarter.<br />
Nous ne pouvons pas nous en tenir aux travaux antérieurs, et renvoyer le<br />
lecteur, par exemple, au tome IV d'E. Desjardins (Géographie de la Gaule romaine),<br />
qui présente d'assez nombreuses erreurs et ne donne pas la partie espagnole. Si<br />
l'on veut reprendre les calculs sur les textes originaux, on trouvera les<br />
renseignements nécessaires dans les itinéraires1 ou (en partie seulement) dans les<br />
fac-similé que donne E. Desjardins des 1er et 2e vases gaditains et de la Table<br />
de Peutinger2.<br />
Les documents qui nous renseignent sur les stations de la voie domitienne et<br />
leurs distances sont les suivants :<br />
1 Le P. GARRUCI, Dissertationi archeologiche, Roma, 1864, pour les vases gaditains. —<br />
PARTHET et PINDER, Itinerarium Antonini Augusti et Hierosolymitanum ex libris<br />
manuscriptis, Berlin, 1848. — E. DESJARDINS, La Table de Peutinger, d'après l'original<br />
conservé à Vienne, Paris, 1874.<br />
2 Géographie de la Gaule romaine, t. IV, p. 10, 12 et 74.