Annibal
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moins élevés, mais ils allongent de 30 à 35 kilomètres. C'est seulement depuis<br />
qu'on a construit une route de voitures très facile au mont Cenis que le Clapier a<br />
été abandonné. Le chemin de fer et le déboisement lui ont porté les derniers<br />
coups.<br />
Nous avons trouvé la chronologie de Polybe très vague pour les journées qui<br />
précèdent l'arrivée an col. Elle ne l'est pas moins pour la descente.<br />
L'armée séjourne au col le dixième et le onzième jour, et la descente commence<br />
le douzième jour. On est arrêté d'abord par le fameux rocher, mais une journée<br />
suffit pour ouvrir un passage à la cavalerie. A-t-elle passé le soir même (12e jour)<br />
ou seulement le lendemain (13e jour) ?<br />
Quant aux éléphants, on ne parvient à leur faire un chemin qu'en trois jours.<br />
Faut-il comprendre dans ces trois jours la journée consacrée à faire le chemin<br />
des chevaux et mulets ? On n'en sait rien. Tite-Live semble croire que non, et<br />
d'après lui, c'est le quatrième jour seulement (15e) que les éléphants ont passé.<br />
Il est vraisemblable que l’armée s'est trouvée rassemblée en bas de la descente<br />
le quinzième jour.<br />
Polybe dit, en effet, que la traversée des Alpes a duré quinze jours ; or il y en a<br />
certainement davantage pour arriver jusqu'à la plaine ; on ne peut pas faire tenir<br />
toutes les journées du séjour au col et de la descente jusqu'à Avigliana dans la<br />
période du dixième au quinzième jour. Il faut donc arrêter les quinze jours à<br />
l'arrivée au fond de la vallée, près de Suse. On aura jugé que la traversée des<br />
montagnes s'arrêtait là.<br />
Les chiffres du paragraphe III, 39 et le récit proviennent de deux originaux<br />
différents, qui n'ont pas choisi les mêmes points critiques. Les 1.200 stades<br />
comptés par le bématiste du paragraphe III, 39 vont jusqu'au débouché en<br />
plaine. La traversée des montagnes, pour le chroniqueur, finit avec la descente<br />
du col. Nous rencontrons ici une différence analogue à celle que nous avons<br />
trouvée pour l'entrée des Alpes et le commencement de la montée vers les<br />
Alpes.<br />
L'itinéraire que nous venons de déterminer nous amène chez les Taurins. Tite-<br />
Live assure que, de son temps, on était absolument d'accord sur ce point. Polybe<br />
dit cependant qu'<strong>Annibal</strong> descendit chez les Insubres ; mais ces derniers<br />
n'arrivaient nulle part jusqu'au pied des Alpes. Maîtres de Novare et de Verceil,<br />
ils étaient séparés du val d'Aoste par les Libici, et du val de Suse par les Taurini.<br />
Un peu plus loin, Polybe place ces derniers au pied des montagnes (πρός τή<br />
παρωρεία) d'où sort <strong>Annibal</strong>. D'autre part, Strabon cite un passage de Polybe,<br />
énumérant les cols des Alpes, parmi lesquels celui que franchit <strong>Annibal</strong>, qui<br />
débouche chez les Taurins1.<br />
Nous croyons donc la question suffisamment élucidée, et nous estimons<br />
qu'<strong>Annibal</strong>, parti d'Ampurias, a longé le rivage de la Méditerranée et le petit<br />
Rhône, franchi le fleuve un peu en amont d'Arles ; qu'il a remonté le Rhône,<br />
1 La phrase de Strabon (IV, 209) sur les quatre chemins qui traversent les Alpes, dont<br />
celui des Taurins, utilisé par <strong>Annibal</strong>, ήν Άννίβας διήλθεν, gêne beaucoup de gens. Ils<br />
s'en débarrassent facilement. Marindin prétend que ces trois mots manquent quelquefois<br />
; un éditeur anglais de Tite-Live veut les placer après Σαλασσών ; Mommsen en fait<br />
autant.