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Annibal

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Il est donc inexact que les chemins aient été mesurés en montagne autrement<br />

qu'en plaine. La mesure par le temps ou par l'altitude était impossible.<br />

M. Osiander veut que l'unité de longueur ne soit pas la même en montagne qu'en<br />

plaine. Il s'ensuivra que les 1.200 stades fournis par Polybe pour la traversée des<br />

montagnes devront donner en kilomètres un équivalent beaucoup plus faible que<br />

ne le pense le vulgaire.<br />

M. Osiander, qui veut placer le commencement de la montée à Montmélian (!) ne<br />

compte que 187 kilomètres de là jusqu'à Avigliana, et se trouve ainsi au-dessous<br />

de la distance donnée par Polybe (213 kilomètres). Pour faciliter la coïncidence, il<br />

déclare que les stades de montagne sont les 5/6 des stades de plaine. Les 1.200<br />

stades de Polybe représenteraient donc, non plus 213 kilomètres, mais 178.<br />

Pour en venir là, M. Osiander remarque que les distances fournies par Polybe<br />

sont des multiples de 200 stades (3.000, 2.600, 1.600, 1.400 et 1.200) c'est-à-dire<br />

de 24 milles romains ; or, Hérodote se sert (V, 53) d'une journée de marche de<br />

200 stades, et Végèce (I, 9) nous apprend que la journée de marche d'une armée<br />

romaine est de 24 milles en terrain plat, de 20 milles en terrain difficile (in arduis<br />

et clivosis, I, 27). Polybe aurait donc, suivant M. Osiander, transformé en stades<br />

une mesure donnée en jours de marche ; mais la journée de marche, évaluée<br />

par lui à 200 stades, était de 24 milles en plaine, de 20 milles en montagne. Son<br />

évaluation, exacte jusqu'à l'entrée des Alpes, se trouve donc trop forte de 4/6<br />

dans la traversée des montagnes.<br />

A coup sûr, dit le savant professeur, Polybe n'a pas procédé lui-même à la<br />

mesure ; compter des pas, comme firent les bématistes d'Alexandre, aurait été<br />

trop absorbant et d'ailleurs inutile, la transformation des pas en stades, en<br />

terrain accidenté, ne pouvant donner qu'an résultat subjectif. (Et celle des journées<br />

de marche !) Polybe n'avait donc pas d'autre moyen que celui auquel nous avons<br />

encore recours : il déduisait la longueur de la marche de sa durée. Ce procédé<br />

devait être passé dans les habitudes militaires, et le stade itinéraire des savants,<br />

égal à 148 mètres, ou 5/6 du stade de Polybe, pouvait être pris pour unité par<br />

une mesure de temps et un calcul très simples. Le pas militaire des Romains, qui<br />

était S/6 du pas entier ou normal, entraîne comme conséquence un route<br />

militaire qui est 5/6 du mille normal.<br />

Nous demandons la permission de n'en rien croire. Polybe était mieux au courant<br />

que nous de toutes ces questions, et n'était pas homme à prendre une mesure<br />

pour une autre. Il n'y a pas trace, dans les textes, de deux milles différents, et<br />

celui qui a servi à graduer les voies romaines était une mesure militaire.<br />

D'ailleurs, en supposant deux pas, deux milles, l’un pour les civils et l'autre pour<br />

les militaires, s'ensuit-il que le premier convienne aux plaines et l'autre aux<br />

montagnes, sans que jamais un mot indique la différence ? Les montagnes sontelles<br />

réservées aux militaires et la plaine aux civils ?<br />

Enfin, puisque l'on accuse la mesure des longueurs d'être illusoire en montagne,<br />

quoi de plus illusoire que la mesure du temps pour un ancien ? On s'imagine<br />

difficilement Polybe sur le sentier qui mène à un col et estimant la durée de son<br />

ascension par le cours des astres ! Nous le voyons bien plutôt, lui ou son<br />

bématiste, mesurer la longueur de la route (carrossable ou charretière) avec un<br />

odomètre.<br />

M. Osiander ajoute, pour nous convaincre, qu'en identifiant les stations des voies<br />

romaines, on trouve une différence marquée entre les unités de distance<br />

employées en plaine et en montagne. Nous craignons qu'il n'ait été abusé par un

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