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Annibal

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l'emploi même qui en a été fait sur de longues étendues de côtes, et pour des<br />

séries de distances qui se suivent sans interruption, mesurées avec le même<br />

modèle1.<br />

Censorinus dit qu'il y a diverses espèces de stades, et il cite l’olympique,<br />

l'italique, le pythique, de 600, 625 et 1.000 pieds. Hérodote fait mention d'une<br />

coudée de Samos égale à la coudée royale ; par conséquent, le stade de Samos<br />

devait être différent du stade olympique. Héron d'Alexandrie fait mention d'un<br />

pied et d'un stade philistérien ou royal, différents du pied et du stade italique.<br />

Enfin, Aulu-Gelle dit qu'indépendamment du stade olympique, il y a dans la<br />

Grèce même d'autres stades de 600 pieds, mais que ces pieds sont plus courts.<br />

Inconstatiiam mensuræ diversitas auctorum facit, dit Pline à propos de la Perse.<br />

Ce grand nombre d'unités nous explique les erreurs de Polybe sur le périple du<br />

Pont-Euxin, par exemple, sur la distance de Rhodes à Chypre, et quelques autres<br />

de la môme région ; dans la Méditerranée occidentale, où les mesures sont faites<br />

uniquement en stades usuels, on ne trouve pas de semblables erreurs.<br />

Mais, si les distances itinéraires données par Polybe sont exactes, les formes qu'il<br />

en déduit pour les continents sont des plus fausses. L'absence de toute mesure<br />

angulaire désoriente complètement les grandes lignes du terrain. De plus, il est<br />

un fait qui paraîtra surprenant, de la part d'un homme aussi soucieux de vérité<br />

que Polybe ; c'est qu'il n'a jamais cherché à dresser une carte générale au<br />

moyen des différentes distances qu'il connaissait. L'espèce de triangulation ainsi<br />

exécutée lui aurait peut-être fait apercevoir et redresser quelques-unes de ses<br />

erreurs.<br />

Il n'est pas douteux, dit M. Schmidt (p. 18), qu'il a commis de nombreuses<br />

erreurs, parce qu'il ne s'est jamais avisé de se placer sous les yeux le tableau de<br />

toutes ses distances. Il a décrit de nombreux territoires, recueilli une quantité de<br />

mesures, mais ne les a jamais rassemblés pour tracer une carte ; et il n'a jamais<br />

dessiné une image d'ensemble de la terre. C'est ainsi qu'il rejette avec tant de<br />

passion le chiffre donné par un autre géographe, sans s'apercevoir que lui-même<br />

soutient ici un nombre tout différent de celui qu'il a donné ailleurs.<br />

Polybe écrit en effet, dans un passage cité par Strabon, que la distance des<br />

Colonnes d'Hercule est d'environ 8.000 stades, et celle de Narbonne au détroit<br />

de Messine de 11.200 stades, chiffres exacts si on mesure les distances par les<br />

routes. Le triangle Gibraltar-Narbonne-Messine est, d'après lui, très aplati : la<br />

distance d'Ostie à Carthage étant de 3.000 stades (chiffre exact), celle de<br />

Narbonne à la côte d'Afrique ne lui semble pas devoir être beaucoup plus grande<br />

; les deux tiers seulement de cette distance, soit 2.000 stades, donnent<br />

approximativement la hauteur du triangle considéré, de sorte que la base<br />

Gibraltar-Messine aura environ 18.800 stades (on peut la calculer comme<br />

Or, dans un autre passage, cité par Pline, Polybe donne pour cette même<br />

distance Gibraltar-Messine un peu plus de 10.000 stades, ou 1800 kilomètres,<br />

chiffre très voisin de la vérité. Il n'a donc pas essayé de faire concorder ses<br />

chiffres les uns avec les autres. Il compte, d'autre part, 8,800 stades des<br />

Colonnes à Carthage, sans doute en naviguant le long de la côte, et ce chiffre est<br />

assez exact (près de 4.600 kilomètres). D’Afrique au cap Lilybée, à la pointe de la<br />

1 WALCKENÆR, t. III, préf.

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