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Annibal

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voulait avoir une entrevue avec eux ; qu’ils s'approchassent d’Illiberris, ou que<br />

lui s'avancerait près de Ruscino, pour faciliter leur rencontre. Il sera heureux de<br />

les recevoir dans son camp, et n'hésitera pas non plus à se rendre dans le leur. Il<br />

est venu en Gaule comme un hôte, non comme un ennemi ; et il ne tirera pas<br />

l’épée, si les Gaulois le veulent, avant d'être parvenu en Italie. Tel fut le langage<br />

de ses émissaires. Les chefs gaulois portèrent aussitôt leur camp près d'Illiberris,<br />

et vinrent volontiers chez le Carthaginois ; gagnés par ses présents, ils laissèrent<br />

passer son armée en toute tranquillité à travers leur territoire, au delà de<br />

Ruscino.<br />

25. — On ne connaissait encore en Italie que le passage de l’Èbre par <strong>Annibal</strong>,<br />

qui avait été signalé à Rome par des envoyés de Marseille ; néanmoins, comme<br />

s'il eût déjà franchi les Alpes, les Boii, entraînant les Insubres, s'étaient<br />

soulevés... [Récit de la guerre dans la Cisalpine.]<br />

26. — Cette nouvelle alarme étant portée de Rome, les sénateurs apprirent ainsi<br />

qu'à la guerre punique il fallait en joindre une contre les Gaulois ; ils ordonnent<br />

que le préteur C. Atilius ira secourir Manlius avec une légion romaine et 5.000<br />

alliés, levés par un décret récent des consuls. Atilius parvint à Tanetum sans<br />

combat, les ennemis ayant eu peur et s'étant retirés. P. Cornélius leva une<br />

nouvelle légion à la place de celle qui avait été envoyée avec le préteur ; il partit<br />

à Rome avec 60 vaisseaux longs, suivit le rivage d'Étrurie, celui des Ligures et<br />

les montagnes des Salyens, parvint à Marseille et alla camper à l'embouchure la<br />

plus voisine du Rhône (ce fleuve se jette dans la mer par plusieurs bras). Il<br />

croyait qu'<strong>Annibal</strong> en était à peine à franchir les Pyrénées. En constatant qu'il<br />

était déjà occupé de passer le Rhône, ne sachant où il le rencontrerait, et ses<br />

hommes n'étant pas encore assez remis du mal de mer, il envoya 300 cavaliers<br />

choisis, conduits par des Marseillais et des auxiliaires gaulois, pour tout<br />

reconnaître et observer l'ennemi sans s'exposer.<br />

<strong>Annibal</strong>, ayant immobilisé les autres peuples par la crainte ou par des<br />

indemnités, était parvenu sur le territoire des Volques, nation puissante. Ils<br />

habitent les deux rives du Rhône ; mais, désespérant de repousser le<br />

Carthaginois de la rive droite, ils se mirent à couvert du fleuve et firent passer<br />

presque tous les leurs au delà du Rhône, dont ils occupèrent la rive en armes.<br />

<strong>Annibal</strong> paya les autres habitants riverains du fleuve, et ceux des Volques qui<br />

étaient demeurés dans leurs foyers, pour lui amener de toutes parts et lui<br />

fabriquer des bateaux ; ils avaient hâte, d'ailleurs, que l’armée eût passé, et que<br />

leur pays fût débarrassé de cette foule énorme qui l'accablait. Aussi réunirent-ils<br />

une immense quantité de bateaux et de nacelles qui se trouvaient préparées<br />

pour l'usage des riverains. Les Gaulois en fabriquèrent de nouvelles en creusant<br />

pour chacune un tronc d'arbre, puis les soldats eux-mêmes, encouragés par<br />

l'abondance des matériaux et la facilité du travail, firent à la hâte des pirogues<br />

informes pour eux et leur équipement, ne leur demandant que de pouvoir flotter<br />

et porter leur paquetage.<br />

27. — Tout étant prêt pour le passage, les ennemis se tenaient menaçants sur<br />

l'autre rive, toute couverte d'hommes et de chevaux. Pour les en détourner,<br />

<strong>Annibal</strong> ordonne à Hannon, fils de Bomilcar, de partir à la première veille de la<br />

nuit avec une partie des troupes, surtout des Espagnols, pour remonter le fleuve<br />

à une journée de marche, le traverser dès qu'il pourra, le plus secrètement<br />

possible, et tourner avec sa colonne de manière que, le mouvement terminé, il<br />

attaque les Gaulois à revers. Des guides gaulois, qu'on lui donne pour cette<br />

manœuvre, lui indiquent pour le passage, à environ 25 milles en amont, une

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