Annibal
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difficultés faudrait-il supposer dans le fond de la vallée pour justifier de pareils<br />
détours et de pareilles fatigues, car ces 97 kilomètres parcourus à la place de 49,<br />
se font en montant et descendant sans cesse ?<br />
A notre avis, c'est aller chercher bien loin, et au prix de grandes complications,<br />
des fatigues certaines pour échapper à des difficultés hypothétiques. Qu'il y ait<br />
eu des voies romaines sur les coteaux où le colonel Perrin trace l'itinéraire<br />
d'<strong>Annibal</strong>, c'est possible : l'industrie et l'agriculture étaient plus florissantes alors<br />
qu'aujourd'hui sur ces hauteurs ; mais partout nous voyons les grandes voies<br />
romaines suivre le fond des vallées avec nos roules modernes : sur la Durance,<br />
sur la Drôme, sur l'Isère, sur la Doire ; pourquoi l'Arc ferait-il exception ? Il ne<br />
traverse pas de précipices comme ceux où coule la Romanche.<br />
Nous nous en tenons donc à la solution la plus naturelle et la plus simple, celle<br />
qui consiste à faire passer <strong>Annibal</strong> par les voies les plus faciles, les plus voisines<br />
des chemins modernes. Il faudrait nous donner de bien solides arguments pour<br />
nous faire quitter les voies naturelles et courir à travers la montagne. Si les<br />
invasions se sont toujours faites par les vallées, ce n'était pas pour marcher sur<br />
les sommets.<br />
Tous ces détours, toutes ces majorations viennent se combiner avec le choix<br />
d'une entrée ou d'une montée près de Montmélian. Ce n’est pas la partie la<br />
moins étonnante de la solution de Larauza, de M. Osiander, etc.<br />
En s'engageant au milieu des éminences entre la Chavanne et Mallaverne, on ne<br />
comprend pas, dit avec modération M. Chappuis, que Polybe y ait vu l'entrée des<br />
Alpes, et M. Osiander, qui l'y voit, nous la montre assez fidèlement pour nous<br />
écarter tout de suite de son opinion : Les hauteurs de Chavanne et de<br />
Maltaverne, dit-il p. 108, peuvent s'appeler à bon droit clivi ou colles, car<br />
Chavanne est à 60 mètres seulement, et Maltaverne à 120 mètres au-dessus du<br />
niveau de Montmélian. C'est là que commence le terrain difficile1.<br />
Ainsi voilà des gens qui ont franchi sur les bords du Rhône, plusieurs collines très<br />
âpres de 200 à 300 mètres d'altitude ; qui, parvenus à Valence, ont vu tout près<br />
d'eux les plateaux de la rive droite de l’Isère ; qui ont longé, heurté, avec la<br />
vallée de cette rivière, les falaises du Vercors et de la Grande Chartreuse ; qui<br />
ont marché trois jours entre cette dernière et la chaîne de Belledone ; et ils<br />
marquent comme pénible, décisive, une côte équivalente à celle des Champs-<br />
Elysées ?<br />
1 Larauza (p. 64) place ici le commencement de la montée. Il s'appuie sur ce texte : A<br />
100 pas environ de l'autre côté du pont, dit M. Albanis Beaumont, est une charmante<br />
colline ou falaise, couverte d'arbres jusqu'à son sommet. C'est au pied de cette colline<br />
qu'on laisse à droite le chemin qui conduit à Sainte-Hélène, pour prendre à gauche celui<br />
du Piémont. Le premier hameau que l'on traverse se nomme la Chavane ; il est situé au<br />
sommet de la montée.<br />
Et page 66 :<br />
Dès la Chavane, on n'est plus dans le plat pays, έν τοΐς έπιπέδοις ; l'on a quitté cette<br />
large et belle vallée que les habitants appellent la plaine de Grenoble, la plaine du<br />
Grésivaudan, et la route plane et unie qu'elle présentait le long du fleuve. Le chemin que<br />
l'on suit va sans cosse montant et descendant à travers ces riantes collines qui se<br />
succèdent depuis la Chavane jusqu'à la Croix d'Aiguebelle. Mais si l'on n'est plus dans la<br />
plaine, l'on n'est pas encore dans les Alpes : au sortir de la Chavane l'on n'entre pas tout<br />
de suite dans ces sombres et étroites vallées que l'on rencontre un peu plus loin ....