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Annibal

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de la plage de Faraman, tout en s'accumulant aussi sur la pointe de Beauduc. Au<br />

XVIe siècle, on trouve donc cette dernière saillie moins accentuée, mais la baie<br />

des Saintes moins profonde, la plage de Faraman un peu en retrait sur sa<br />

position actuelle, puis, de Faraman à Fos, un littoral moins avancé que celui<br />

d'aujourd'hui, mais dépassant de beaucoup l'emplacement de notre port Saint-<br />

Louis.<br />

Avant Je XVI’ siècle, pendant une période assez longue, le grand Rhône avait la<br />

même embouchure qu'aujourd'hui. Il y aboutissait déjà au XIIIe siècle, lors de<br />

l'établissement des digues1. Une autre phase, analogue à celle des XVIIIe et<br />

XIXe siècles, a donc dû se produire du XIIIe au XVe, marquée ici par un progrès,<br />

là par un recul de la côte.<br />

Antérieurement au XIIIe siècle, l'embouchure du Rhône s'est trouvée dans<br />

l'étang de Beauduc, à deux kilomètres seulement du rivage moderne. Elle a dû y<br />

demeurer stable pendant assez longtemps pour donner naissance à la pointe de<br />

Beauduc. Cette position est déterminée par une borne2, dont la date est<br />

malheureusement inconnue, mais qu'on ne croit pas pouvoir attribuer à la<br />

période romaine : suivant Hirschfeld, elle serait du moyen âge, et sans doute du<br />

VIe au XIe siècle. Elle porte l'inscription suivante :<br />

RHODANI DEGURSU<br />

OD. HONOR.<br />

ET I’’’’LECHE<br />

ΞV — IN — ANNO<br />

L'emplacement où l'on a trouvé cette borne se trouve au lieu dit le Platelet, sur la<br />

rive droite de la Goule de Sainte-Anne, à trois kilomètres du vieux Rhône et à<br />

deux kilomètres de la mer.<br />

Le grand Rhône a formé dans les temps modernes, en moins de deux cents ans,<br />

un promontoire aussi allongé, sinon aussi massif que celui de Beauduc ; mais<br />

avant le XIe siècle, avant la construction des digues, il en allait tout autrement.<br />

Jusqu'alors, les eaux les plus chargées de sédiments, celles des grandes crues,<br />

s'épandaient sur la Camargue pour la colmater, au lieu d'aller former un<br />

promontoire de theys sablonneux en pleine mer.<br />

Aussi, tandis que du XIIIe au XXe siècle, les atterrissements semblent l'emporter<br />

d'un tiers environ sur les érosions, leur supériorité devrait être à peine sensible<br />

entre l'époque de la conquête et le XIII« siècle. Les érosions s'accomplissaient<br />

avec la même force qu'aujourd'hui, mais le Rhône apportait à son embouchure<br />

principale, non endiguée, la moitié ou le tiers seulement des alluvions qu'il y<br />

dépose aujourd'hui.<br />

Mais ce ne sont là que des hypothèses. Heureusement deux données, l'une très<br />

ferme, l'autre approximative, vont nous fixer. La première, précise et solide, à<br />

laquelle nous revenons toujours, c'est l'inscription de Chamone. Sous la<br />

domination romaine, il y avait là un sol cultivé, au bord même du Rhône. Le<br />

rivage» était plus au Sud. L'autre donnée, c'est celle de l’Itinéraire maritime que<br />

E. Desjardins avait rejetée hors du cercle vicieux où il s'enfermait : Il n'y pas à<br />

1 On a des témoignages écrits de l'entretien des chaussées latérales à partir du XIIe<br />

siècle ; le plus ancien document connu relatif à la digue de la Camargue est de 1150 ; la<br />

digue de Beaucaire à la mer est de 1304.<br />

2 Musée d’Arles.

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