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Annibal

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Salluvii, des Voconces, des Allobroges sont observés et suivis sur-le-champ d'une<br />

intervention romaine. Les historiens ne nous ont pas laissé de description<br />

géographique de la Gaule à cette époque, mais leurs relations ne s'expliquent<br />

bien qu'en supposant Allobroges et Voconces dans les mêmes régions qu'au<br />

siècle d'Auguste, sinon plus au Sud, puisque les Allobroges viennent combattre<br />

sur l'Eygues. Allobroges et Arvernes sont séparés par le Rhône, et communiquent<br />

au moyen d'un pont de bateaux.<br />

Surviennent les Cimbres et les Teutons : on mentionne les tribus helvètes qu'ils<br />

ont entraînées, mais on ne dit rien d'analogue pour les Allobroges. Ceux-ci n'ont<br />

pas bougé, et jusqu'à César, la Province pacifiée n'est le théâtre d'aucune<br />

migration nouvelle. Celle des Helvètes, provoquée par Arioviste, est maintenue<br />

par le proconsul au nord du Rhône, et reste sans influence sur la Province.<br />

Il nous semble donc que la Gaule Narbonnaise s'est pacifiée progressivement du<br />

IVe au IIe siècle av. J.-C. et que les déplacements de frontières y ont été<br />

insignifiants entre le passage d'<strong>Annibal</strong> et celui de César. Rien ne permet de<br />

supposer qu'en l'an 218 av. J.-C. les Allobroges étaient en Maurienne ou à Digne,<br />

les Tricastins à Grenoble ou en Provence, les Voconces et les Tricoriens entre<br />

Gap et Briançon. De pareilles hypothèses ne reposent sur aucune présomption,<br />

et sont difficiles à concilier avec les quelques données positives que nous avons.<br />

Prenons quelques exemples, qui feront mieux sentir la vérité qu'une discussion<br />

générale.<br />

Tite-Live, on le sait, conduit <strong>Annibal</strong> dans l'Île, et place les Allobroges à<br />

proximité, puis dans l'intérieur de l'Île ; non content de cette contradiction, il<br />

raconte que la colonne carthaginoise, tournant à gauche au sortir de l'Île, passe<br />

chez les Tricastins pour longer ensuite les Voconces et se diriger vers les<br />

Tricoriens. C'est un itinéraire absolument incompréhensible si ces différents<br />

peuples occupent les territoires que nous leur avons attribués. Les historiens qui<br />

veulent suivre Tite-Live sont donc forcés de repousser les Tricastins vers<br />

Grenoble, les Voconces et les Tricoriens plus loin encore. Telle est, entre autres,<br />

la solution de Larauza :<br />

L'histoire des nations barbares, dit-il pour nous y préparer, n'est que l'histoire de<br />

leurs migrations et de leurs déplacements continuels depuis leur première<br />

apparition, jusqu'à ce que des changements introduits dans leur manière de vivre<br />

parviennent à les fixer. Peuples pasteurs ou chasseurs, et partant<br />

essentiellement nomades, lorsque le besoin les pousse en avant, Us se jettent<br />

sur le premier pays qui leur offre des pâturages et des moyens de subsistance, et<br />

lorsqu'ils l'ont épuisé, ou que les productions du sol ne peuvent plus suffire à une<br />

population qui tend constamment à s'accroître, on les voit se répandre sur le sol<br />

voisin, s'en emparer, s'ils sont les plus forts, et réduire la tribu vaincue à aller<br />

elle-même chercher à s'établir ailleurs.<br />

Tout cela est vrai en thèse générale, mais ne s'applique nullement aux Gaulois<br />

du IIe siècle avant J.-C. Le trop-plein de la population, depuis plusieurs centaines<br />

d'années, s'échappe régulièrement vers l'Italie, et non par nations entières, mais<br />

par détachements de tribus diverses. A partir du IVe siècle, époque où les<br />

Volsques s'établissent dans la Narbonnaise, on ne voit se produire aucune<br />

migration d'un peuple entier. Les Celtes, comme les Ligures, ne tendent qu'à se<br />

fixer au sol conquis ; l'agriculture, l'industrie, le commerce étouffent l'esprit<br />

guerrier. Au IIe et au Ier siècle avant J.-C, les migrations des Helvètes, où plutôt<br />

leurs velléités de migrations, sont les seules qu'on signale ; et durant cette

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