Annibal
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Live ne sont pas absolument d'accord, il peut arriver que le dernier reste plus<br />
près de la vérité !<br />
Il y a, dans le texte de Tite-Live, deux taches, deux taches énormes qui gâtent<br />
tout le tableau : la première, c'est l'introduction des Allobroges dans l'Île ou près<br />
de l'Île, et leur suppression dans la région où se livre le premier combat. Ici le<br />
doute n'est pas permis : Polybe, nous l'avons répété et nous le répétons encore,<br />
est venu dans le pays, a vu l'Île et les Allobroges, visité le lieu du combat et la<br />
ville pillée par <strong>Annibal</strong>. Aucune erreur ne serait admissible de sa part sur ce<br />
point. Tite-Live, qui est resté à Rome, et qui, serait-il allé dans les Alpes, n'aurait<br />
plus retrouvé de tradition exacte sur <strong>Annibal</strong>, n'a aucune autorité en pareille<br />
matière.<br />
L’ignorance de son siècle sur cette partie de l’histoire et sur la géographie de la<br />
région alpine loi a fait commettre sa seconde erreur, l'interpolation du fragment<br />
déjà reproduit par Timagène. Les historiens ont toujours traité le récit de Tite-<br />
Live comme s'il formait un tout homogène, et ils se sont évertués à placer les<br />
Tricastins, les Voconces, les Tricoriens, entre les Allobroges et la Druentia ; mais<br />
la présence d'un passage identique dans Timagène ne laisse pas de doute sur<br />
l’interpolation opérée par Tite-Live. Il y a donc lieu d'étudier ce fragment à part.<br />
Il est d'origine douteuse, d'allure peu rassurante, soit dans la forme où nous le<br />
présente Timagène, soit dans celle que Tite-Live lui a donnée. S'il confirme les<br />
conclusions générales tirées du récit de Polybe, nous l’admettrons (séparément) ;<br />
s'il les contredit, nous le rejetterons, car en présence du récit de Silenos, il n'a<br />
aucune valeur historique.<br />
Ainsi nous étudierons le parcours d'<strong>Annibal</strong> d'après Polybe et d'après Tite-Live,<br />
après avoir rayé dans ce dernier le nom des Allobroges, et supprimé le fragment<br />
dont nous venons de parler. Nos deux textes se réduisent alors à deux versions<br />
presque identiques d'un même récit, et il est aisé de les accorder pour en tirer un<br />
travail plus complet.<br />
IX. — Les connaissances géographiques des anciens.<br />
Polybe, comme historien, mérite une confiance absolue ; mais ses notions sur la<br />
géographie sont celles de son temps, peu étendues et très erronées, et chaque<br />
fois qu'il les fait intervenir, elles jettent une lumière fausse sur le récit. Quand,<br />
par exemple, M. Montanari dit qu'<strong>Annibal</strong> a remonté le Rhône vers l'Orient, cette<br />
contradiction le frappe ; il aime mieux croire à une erreur sur l'identité du fleuve<br />
que sur sa direction, et il conclut qu'il s'agit de la Durance. Or, il n'y a aucune<br />
confusion dans l'esprit de Polybe ; seulement, sur sa mappemonde, le Rhône est<br />
orienté comme la Durance sur la nôtre. Nous pourrions citer d'autres erreurs de<br />
natures diverses, capables d'influer plus ou moins sur la solution de notre<br />
problème, et qu'un aperçu rapide de la science géographique au temps de Polybe<br />
permettra d'écarter.<br />
Au point de vue de l'étendue, c'était peu de chose que le monde connu des<br />
anciens. A l'époque où Polybe écrit son histoire, les Grecs ont parcouru quelques<br />
rares chemins à travers la Gaule ; on a franchi les Alpes une fois ou deux ; mais<br />
de véritables reconnaissances, de descriptions même sommaires, il n'y en a pas.<br />
Le peu qu'on sait sur la Gaule, les Alpes, la Germanie, la Scythie, est