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Annibal

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Les causes d'erreur qui ont égaré Deluc et Larauza n'existent plus aujourd'hui.<br />

Depuis les travaux de Dorpfeld, on sait que le stade grec est de 177m,50<br />

environ, et non de 185 mètres, comme le supposaient ces deux historiens. Cette<br />

valeur est en parfait accord avec le renseignement de Strabon (VII, 7) d'après<br />

lequel Polybe comptait 8 stades 1/3 dans le mille romain d'environ 1.480<br />

mètres1. Nous disposons, en outre, de cartes précises, de carnets d'étapes, de<br />

guides, etc., grâce auxquels nous ne pouvons commettre d'erreurs dans<br />

l’évaluation des distances sur les routes modernes.<br />

Munis de ces éléments de travail parfaits, nous reprenons la comparaison des<br />

longueurs relevées sur la carte avec celles que nous indique Polybe.<br />

Quelle exactitude faut-il attribuer à ces dernières ? Polybe indique parfois, au<br />

cours du récit ou dans une digression géographique' des distances en chiffres<br />

ronds, estimées d'une manière très vague. C'est une conséquence de l'esprit<br />

pratique dans lequel est conçu son ouvrage : il veut présenter à ses lecteurs des<br />

idées générales, et ne pas les égarer dans les détails ; il ne cite pas plus de<br />

chiffres précis qu'il ne nomme de petites localités. Parlant à des Grecs, il<br />

esquisse à grands traits la géographie de l'Occident, donne les dimensions de<br />

l'Espagne, de la Gaule, en milliers de stades, évalue enfin le rapport de l'une a<br />

l'autre avec une approximation grossière pour n'employer que les nombres les<br />

plus simples.<br />

Tel n'est pas le cas pour la série des distances mesurées entre Gibraltar et l'Italie<br />

: elles sont données en centaines de stades, c'est-à-dire à cent stades près (17 à<br />

18 kilomètres). Nous pouvons vérifier les trois premières, car nous en connaissons<br />

les extrémités : de Gibraltar à Carthagène, à Tortose, à Ampurias, le tracé des<br />

chemins est fixé par le terrain ; ceux que Polybe a connus ne diffèrent pas<br />

sensiblement de ceux que nous pouvons leur comparer. Or, nulle part nous ne<br />

trouvons un écart supérieur à 10 kilomètres entre le chiffre de Polybe et celui<br />

que nous relevons sur les meilleures cartes modernes ; le long de ces côtes<br />

escarpées, à travers les sierras, nous constatons que les mesures de l'historien<br />

grec sont aussi exactes que le comporte l'unité adoptée.<br />

Rien ne permet de supposer qu'il n'en doit pas être de même au delà<br />

d'Ampurias. Nous ignorons comment les mesures ont été prises, mais elles sont<br />

données ensemble, dans un paragraphe isolé du récit, et forment une série<br />

complète, homogène ; elles résultent assurément d'un travail unique poursuivi<br />

d'un bout à l'autre avec les mêmes moyens et la même conscience.<br />

Personne, du reste, n'a jamais songé à le mettre en doute, et les historiens qui<br />

sont partis de données vagues, toutes différentes de celle-ci, se sont astreints à<br />

mettre leurs solutions d'accord avec ces chiffres si essentiels, au moyen de<br />

divers artifices que nous détaillerons.<br />

1 Le stade de 8 au mille n'a été adopté qu'à partir d'Artémidore, un demi-siècle après la<br />

conquête de la Grèce par les Romains, pour faciliter les relations entre les deux peuples.<br />

On n'attribue plus, aujourd'hui, aucune importance à la phrase de Polybe où il déclare<br />

que le chemin d'Espagne en Italie a été jalonné de 8 en 8 stades par les Romains. On y<br />

voit généralement une interpolation, postérieure à la réforme d'Artémidore ; d'autres<br />

savants estiment simplement que Polybe a voulu abréger le discours dans ce passage, où<br />

une précision extrême était superflue.

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