Annibal
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tracé en ligne droite comme la Via Domitia. En écartant cette solution peu<br />
vraisemblable, on se trouve obligé de placer le point de passage entre Fourques<br />
et Soujean.<br />
II. — Le point de passage.<br />
Il n'y a rien là qui doive surprendre, et si l'on n'avait pas été d'abord sous<br />
l'influence de quelques écrivains du XVIIe et du XVIIIe siècle, qui, sans preuves<br />
et même sans arguments solides, ont choisi les environs de Roquemaure, c'est la<br />
région d'Arles et de Beaucaire qui aurait dû s'imposer. On ne voit pas trace, dans<br />
l'antiquité, d'un passage du Rhône entre Beaucaire et Montélimar. Toutes les<br />
voies décrites par les itinéraires passent à Arles ou à Beaucaire, même<br />
lorsqu'elles doivent ensuite rebrousser vers le Nord.<br />
La route définie par les vases gaditains va de Nîmes à Beaucaire, descend la rive<br />
droite du Rhône pour le passer à Arles, et remonte ensuite la rive gauche vers<br />
Saint-Gabriel et Cavaillon.<br />
L'itinéraire de Bordeaux à Jérusalem va directement de Nîmes à Arles par<br />
Bellegarde, et remonte de là par Saint-Gabriel vers Avignon.<br />
L'itinéraire d'Antonin va de Nîmes à Arles, de là à Saint-Gabriel et Cavaillon1.<br />
C'est dans les documents postérieurs seulement que l'on voit une route de Nîmes<br />
à Beaucaire passer immédiatement le Rhône pour gagner Saint-Gabriel et<br />
bifurquer alors vers Avignon, Cavaillon et Arles (Table de Peutinger et Anonyme de<br />
Ravenne).<br />
Un siècle environ après le passage d'<strong>Annibal</strong>, les Cimbres et les Teutons<br />
envahissent la Gaule. Vainqueurs de trois armées romaines, ils ne marchent pas<br />
sur Rome, mais vont ravager l'Espagne. Marius vient les attendre au bord du<br />
Rhône, et quoiqu'il prenne position une année avant leur retour, il n'a aucune<br />
hésitation sur le point où ils voudront passer le fleuve : il se poste à Saint-<br />
Gabriel à la pointe des Alpines, et c'est devant lui en effet que les barbares<br />
viennent, à point nommé, franchir le Rhône.<br />
Que nous dit d'ailleurs Polybe :<br />
<strong>Annibal</strong>, ayant toujours la mer de Sardaigne à sa droite, parvint au passage du<br />
Rhône (III, 41) ; et quelques lignes plus loin : <strong>Annibal</strong> étant arrivé dans le<br />
voisinage du fleuve, tente aussitôt d'exécuter le passage, en raison de ce que le<br />
fleuve n'avait là qu'un seul bras.<br />
Nous n'attribuons pas à ces deux phrases un très-grand caractère de précision :<br />
Polybe, nous l'avons dit, parle simplement et sommairement de tout ce qui n'a<br />
pas une importance politique ou militaire sérieuse. L'expression tenir la mer de<br />
Sardaigne à sa droite peut n'être qu'une indication très vague ; il faudrait<br />
pourtant s'en écarter beaucoup pour admettre qu'<strong>Annibal</strong> a été à Roquemaure,<br />
tournant le dos à la mer depuis le passage du Vidourle. Pour nous, l'impression<br />
1 On doit remarquer, à ce propos, que la carte donnée par E. Desjardins (chap. IV, p.<br />
38) pour l'itinéraire d'Antonin, est inexacte sur ce point.